Le plus grand squat de France – qui a abrité jusqu’à 450 migrant·es, en situation régulière pour la plupart selon les associations – était en cours d’évacuation mercredi matin dans la banlieue sud de Paris, à cent jours des Jeux olympiques.
L'opération d'évacuation du plus grand squat de France, au sud de Paris, attendue depuis plusieurs jours, se déroulait dans le calme ce mercredi matin. Une partie des sans-abris qui avaient trouvé refuge dans cette entreprise désaffectée de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) avaient quitté les lieux les jours précédents. Quelque 250 agent·es ont été mobilisé·es pour cette opération, selon la préfecture du Val-de-Marne. Des mises à l'abri sont prévues pour les personnes délogées, en Île-de-France et en région, par exemple à Bordeaux.
Des valises à la main, qui contiennent les effets de toute leur vie en France, le visage inquiet, les quelque trois cents occupant·es qui restaient encore –, hommes, femmes, enfants – ont quitté les lieux peu après 8 heures. Ils logeaient dans ces locaux depuis plusieurs mois pour certains, faute de trouver un logement dans le parc privé, ou en attente d’un logement social. Selon l’association United Migrants, qui leur apporte régulièrement son aide, 80% d’entre-elles·eux sont en situation régulière en France. Depuis plusieurs mois, le collectif Le revers de la médaille, qui regroupe des associations venant en aide aux personnes précaires vivant dans la rue, alerte sur le sort des sans-abris dont les camps de fortune sont démantelés à un rythme plus soutenu à l’approche des JO (26 juillet-11 août), selon ce collectif.
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C’est dans ce squat qu’habitait depuis trois ans Mohammed Sayed, érythréen. Il a le statut de réfugié, travaille dans la maintenance électrique à Eiffage en CDI, mais ne trouve pas de logement. “Ce n’est pas que je suis content d’être là, mais je vais aller où ?” s’interroge le quadragénaire, sa grosse valise à roulettes à côté de lui. La députée LFI Mathilde Panot était sur place.
Plusieurs squats évacués
Selon Paul Alauzy, qui travaille pour Médecins du monde, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques. “Cela fait un an qu’on assiste à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides.” À cent jours des JO, “on expulse [des squats, ndlr] des Tchadiens, des Soudanais, des Erythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squat” puisque ces personnes travaillent en Île-de-France, ajoute-t-il.
Autrefois siège d’une entreprise d’autobus, le bâtiment de Vitry-sur-Seine a été progressivement investi par des personnes délogées d’autres squats d’Île-de-France. Ces dernières ont expliqué, fin mars, qu’elles ne trouvaient pas de logement dans le parc privé ou qu’elles étaient inscrites sur liste d’attente depuis plusieurs années pour bénéficier d’un logement social. Derrière les vitres miroir du bâtiment insalubre de plusieurs étages, les occupant·es avaient installé des lits et des matelas par terre jusque sous les escaliers et dans les couloirs faute de place. Le long de murs décrépis pendent des fils électriques, tandis que des douches rudimentaires fonctionnent à l’eau froide.
Il y a un an, les autorités avaient évacué l’ancien siège désaffecté d’Unibéton sur l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes des JO où vivaient cinq cents migrant·es. En juillet, cent cinquante autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée à Thiais (Val-de-Marne) avaient également été expulsé·es. Ali, homme de ménage à Disneyland, avait raconté, lors de son expulsion d’un précédent squat, en Seine-Saint-Denis, avoir été envoyé par les autorités en car près de Toulouse par erreur. Ce réfugié soudanais était finalement revenu quelques jours plus tard en région parisienne pour poser ses valises au squat de Vitry-sur-Seine, faute de mieux, afin de pouvoir continuer son travail.
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