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Des gendarmes français observent des migrants en train de partir lors de l'évacuation du plus grand squat de France, à Vitry-sur-Seine, le 17 avril 2024. © Emmanuel Dunand / AFP

Vitry-​sur-​Seine : le plus grand squat de France éva­cué avant les JO

Le plus grand squat de France – qui a abri­té jusqu’à 450 migrant·es, en situa­tion régu­lière pour la plu­part selon les asso­cia­tions – était en cours d’évacuation mer­cre­di matin dans la ban­lieue sud de Paris, à cent jours des Jeux olympiques.

L'opération d'évacuation du plus grand squat de France, au sud de Paris, atten­due depuis plu­sieurs jours, se dérou­lait dans le calme ce mer­cre­di matin. Une par­tie des sans-​abris qui avaient trou­vé refuge dans cette entre­prise désaf­fec­tée de Vitry-​sur-​Seine (Val-​de-​Marne) avaient quit­té les lieux les jours pré­cé­dents. Quelque 250 agent·es ont été mobilisé·es pour cette opé­ra­tion, selon la pré­fec­ture du Val-​de-​Marne. Des mises à l'abri sont pré­vues pour les per­sonnes délo­gées, en Île-​de-​France et en région, par exemple à Bordeaux.

Des valises à la main, qui contiennent les effets de toute leur vie en France, le visage inquiet, les quelque trois cents occupant·es qui res­taient encore –, hommes, femmes, enfants – ont quit­té les lieux peu après 8 heures. Ils logeaient dans ces locaux depuis plu­sieurs mois pour cer­tains, faute de trou­ver un loge­ment dans le parc pri­vé, ou en attente d’un loge­ment social. Selon l’association United Migrants, qui leur apporte régu­liè­re­ment son aide, 80% d’entre-elles·eux sont en situa­tion régu­lière en France. Depuis plu­sieurs mois, le col­lec­tif Le revers de la médaille, qui regroupe des asso­cia­tions venant en aide aux per­sonnes pré­caires vivant dans la rue, alerte sur le sort des sans-​abris dont les camps de for­tune sont déman­te­lés à un rythme plus sou­te­nu à l’approche des JO (26 juillet-​11 août), selon ce collectif.

Lire aus­si I Jeux olym­piques : pour le col­lec­tif Le revers de la médaille, le net­toyage social à Paris a déjà commencé

C’est dans ce squat qu’habitait depuis trois ans Mohammed Sayed, éry­thréen. Il a le sta­tut de réfu­gié, tra­vaille dans la main­te­nance élec­trique à Eiffage en CDI, mais ne trouve pas de loge­ment. “Ce n’est pas que je suis content d’être là, mais je vais aller où ?” s’interroge le qua­dra­gé­naire, sa grosse valise à rou­lettes à côté de lui. La dépu­tée LFI Mathilde Panot était sur place.

Plusieurs squats évacués

Selon Paul Alauzy, qui tra­vaille pour Médecins du monde, cette nou­velle éva­cua­tion est liée aux Jeux olym­piques. “Cela fait un an qu’on assiste à des expul­sions et les squats éva­cués res­tent tou­jours vides.” À cent jours des JO, “on expulse [des squats, ndlr] des Tchadiens, des Soudanais, des Erythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solu­tion reste le squat” puisque ces per­sonnes tra­vaillent en Île-​de-​France, ajoute-t-il. 

Autrefois siège d’une entre­prise d’autobus, le bâti­ment de Vitry-​sur-​Seine a été pro­gres­si­ve­ment inves­ti par des per­sonnes délo­gées d’autres squats d’Île-de-France. Ces der­nières ont expli­qué, fin mars, qu’elles ne trou­vaient pas de loge­ment dans le parc pri­vé ou qu’elles étaient ins­crites sur liste d’attente depuis plu­sieurs années pour béné­fi­cier d’un loge­ment social. Derrière les vitres miroir du bâti­ment insa­lubre de plu­sieurs étages, les occupant·es avaient ins­tal­lé des lits et des mate­las par terre jusque sous les esca­liers et dans les cou­loirs faute de place. Le long de murs décré­pis pendent des fils élec­triques, tan­dis que des douches rudi­men­taires fonc­tionnent à l’eau froide.

Il y a un an, les auto­ri­tés avaient éva­cué l’ancien siège désaf­fec­té d’Unibéton sur l’Île-Saint-Denis (Seine-​Saint-​Denis), à proxi­mi­té du futur vil­lage des ath­lètes des JO où vivaient cinq cents migrant·es. En juillet, cent cin­quante autres per­sonnes qui avaient trou­vé refuge dans une mai­son de retraite aban­don­née à Thiais (Val-​de-​Marne) avaient éga­le­ment été expulsé·es. Ali, homme de ménage à Disneyland, avait racon­té, lors de son expul­sion d’un pré­cé­dent squat, en Seine-​Saint-​Denis, avoir été envoyé par les auto­ri­tés en car près de Toulouse par erreur. Ce réfu­gié sou­da­nais était fina­le­ment reve­nu quelques jours plus tard en région pari­sienne pour poser ses valises au squat de Vitry-​sur-​Seine, faute de mieux, afin de pou­voir conti­nuer son travail.

Lire aus­si l Paris : des jeunes migrant·es occupent une école désaf­fec­tée du 16e arrondissement

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