73.162 personnes étaient incarcérées dans les prisons françaises au 1er mai 2023 pour 60.867 places disponibles. Une surpopulation carcérale historique.
Il n’y a jamais eu autant de détenu·es en France. 73.162 personnes étaient incarcérées dans des prisons françaises au 1er mai 2023, selon les données du ministère de la Justice transmises à l’AFP, rapporte franceinfo. Avec 60 867 places disponibles dans les établissements pénitentiaires, la densité carcérale est désormais de 120,2 % contre 117 % au 1er mai 2022 et 108 % en 2021. Au total, cinquante-cinq d'entre eux affichent un taux d’occupation supérieur à 150 %. Celui-ci dépasse même les 200 % dans huit établissements dont Majicavo (Mayotte), Bordeaux-Gradignan (Gironde), Tulle (Corrèze) et Nîmes (Gard).
À certains endroits, la surpopulation carcérale est telle qu'en tout, 2 241 détenu·es sont obligé·es de dormir sur un matelas posé à même le sol de la cellule. « On ne peut plus isoler certains profils. On essaie de faire au mieux, mais le système a ses limites, on ne peut pas pousser les murs », indique Maxime Coustie, surveillant pénitentiaire et représentant syndical à Borgo en Corse, auprès de France 3 Corse.
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« Situation explosive »
La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, avait dénoncé le 11 mai dernier déjà « l’inertie coupable » de l’État au sujet de la surpopulation carcérale dans son rapport annuel. Ce même-jour sur franceinfo, le maire PS d’Alençon, Joaquim Pueyo, ancien directeur des prisons de Fresnes (Val-de-Marne) et de Fleury-Mérogis (Essonne) avait dénoncé « une situation difficile » et « explosive ».
La France avait d’ailleurs été condamnée en janvier 2020 par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour « traitements inhumains et dégradants ». Pour enrayer la surpopulation carcérale, le gouvernement souhaite construire 15.000 places supplémentaires d’ici la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron, rapporte franceinfo. Pour la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, il s’agit d’une « promesse fleurant le rance, puisque ces 15.000 places étaient déjà proclamées en 2017 pour 2022 ».
Pour François Molins, procureur général près la Cour de Cassation, construire des places de prison supplémentaires « ne suffit pas ». Cette surpopulation n’est « pas normale » et « empêche de faire des véritables actions de réinsertion » a‑t-il souligné auprès de franceinfo. C’est pourquoi, il faut trouver « un dispositif autre », a‑t-il argué. De son côté, Joaquim Pueyo plaide pour le développement de « la libération sous contrainte ». « Je crois beaucoup à la libération sous contrainte puisque le magistrat peut libérer les détenus en fin de peine avec des obligations et interdictions », a‑t-il déclaré.