L’Assemblée nationale a définitivement adopté, lundi 16 janvier, une proposition de loi pour réformer la formation des sages-femmes et accorder ainsi plus de reconnaissance à la profession.
Après des années d’attente et de revendications, les sages-femmes ont enfin obtenu une revalorisation de leur formation. La réforme de la formation des sages-femmes a définitivement été adoptée à l’unanimité par les député·es lundi 16 janvier. Adoptée par le Sénat en octobre, elle prévoit d’intégrer totalement d’ici 2027 la formation des sages-femmes au sein des universités. Pour l’heure, la gestion des écoles de sages-femmes est rattachée aux régions.
L’intégration a pour objectif, selon le texte, d’« homogénéiser le niveau de formation » et de « décloisonner les formations en santé » mais aussi de renforcer ainsi la considération médicale du métier. « Toutes les professions médicales sont rattachées aux universités. Il n’y a aucune raison que ce ne soit pas le cas pour les sages-femmes. Beaucoup ont encore du mal à reconnaître que la maïeutique est une profession médicale, et non pas paramédicale », soulignait ainsi la sénatrice EELV Raymonde Poncet dans Libération en octobre.
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En ce sens, la réforme prévoit aussi d’aligner les études de sage-femme sur celle d'autres professions de santé, comme les dentistes ou les pharmacien·nes, en créant une sixième année d’études pour les étudiant·es en maïeutique. Actuellement, la formation de sage-femme se fait en cinq ans seulement. Une année supplémentaire qui permettra aux étudiant·es d'obtenir un « diplôme d’État de docteur en maïeutique ».
Avec cette réforme, les sages-femmes pourront également obtenir le statut de maître·tresse de stage universitaire. Celles qui possèdent un doctorat pourront aussi conjuguer pratique clinique et activités d'enseignement et de recherche. Chose qui était jusqu’alors inenvisageable, les sages-femmes n’ayant pas accès à la bi-appartenance (entre l’hôpital et l’université). Enfin, le texte prévoit une meilleure reconnaissance, en considérant leur activité comme une profession médicale à part entière et non plus « paramédicale ».
« Une réelle victoire »
L’adoption définitive de cette loi est « une réelle victoire pour l’ensemble des étudiant·es sages-femmes de France », a réagi l’Association nationale des étudiant·es sages-femmes (ANESF) dans un communiqué. « Ces avancées sont une étape majeure vers une véritable amélioration des conditions d’études pour l’ensemble des étudiant·es et se révèlent être encourageantes pour le futur de notre profession », a poursuivi l’ANESF précisant que cette loi « n’est qu’une première étape vers une revalorisation globale de [la] profession ».
L’adoption de la réforme est donc une première brique qui doit répondre en partie au malaise de la profession, qui dénonce régulièrement un manque de considération et de reconnaissance, mais elle ne répond pas pour l’heure à toutes les revendications, revalorisation salariale notamment. « Il est urgent de rendre notre formation et notre profession plus attractives », pointe l’ANESF dans son communiqué. Selon le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, à la rentrée 2022, près de 20 % des places en deuxième année des études de maïeutique sont restées vacantes. « Ce constat inédit illustre la crise profonde d'attractivité que traverse la profession de sage-femme et, par ricochet, la formation initiale », expliquait l'Ordre dans un communiqué à l'automne dernier. La réforme s’appliquera dès le 1er septembre 2024 aux étudiant·es entamant leur deuxième année.