Ce 8 décembre, le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe a lancé le Conseil national de la refondation sur la petite enfance, censé organiser la promesse du candidat Macron sur l'émergence d'un service public de la petite enfance.
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À l'issue du lancement du Conseil national de la refondation sur la petite enfance ce 8 décembre, le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe a indiqué vouloir « concertation à 360 degrés, toutes les parties prenantes sont invitées à s’exprimer », rapporte Sud Ouest. Il s'agira donc d'impliquer collectivités, représentant·es des professionnel·les du secteur et des familles pour aboutir à la création d'un « service public de la petite enfance ».
Il faut dire qu'en janvier dernier, Emmanuel Macron, alors candidat à sa réélection reconnaissait que « le système [des modes de garde de la petite enfance] est à bout de souffle ». Dans son discours d'ouverture du Congrès de la Fédération des acteurs de la solidarité, le chef de l'État battait sa coulpe : non, l'État n'atteindrait pas à la fin du mandat présidentiel, son objectif de 30 000 places en crèche supplémentaires, mais à peine la moitié. Conséquence, admettait Emmanuel Macron : « Près de 20% des parents n'obtiennent pas de mode d'accueil. Plus de 160 000 ne reprennent pas le travail, faute de solution de garde pour leurs enfants. » Surprise (non) : les premières concernées par ces chiffres sont les femmes.
Affichant son volontarisme sur ce qui est devenu à ses yeux « un problème social », Emmanuel Macron a alors promis 200 000 places d'accueil collectives ou individuelles (via les assistantes maternelles) s'il était réélu, ainsi qu'une « une indemnisation en cas d’absence de solution », ce qui revenait à créer un droit de garde opposable. Dans la bouche de ses ministres – d'abord Adrien Taquet, ancien Secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et des Familles et aujourd'hui la première ministre Elisabeth Borne ou Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités – cela se traduit comme ça : la création d'un « service public de la petite enfance », réclamé depuis des années par les professionnel·les du secteur, les parents et les féministes.
Moins de 59% des enfants ont accès à un mode de garde
Ainsi, dans une tribune publiée mi-novembre dans Libération, un collectif expliquait que « bâtir un service public de la petite enfance est un enjeu féministe », à la fois pour les professionnelles de la petite enfance, « sous-valorisées et pressurisées », et pour les mères contraintes de rester à la maison. Et de citer l'alarmant chiffre de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf), selon laquelle « l’offre de modes de garde formels (crèches et assistantes maternelles agréées) couvre moins de 58,8% des enfants de moins de 3 ans, avec de fortes inéquités selon les territoires et les classes sociales ».
Rendez-vous était donc donné ce 8 décembre au matin au ministère des Solidarités par Jean-Christophe Combe pour lancer le Conseil national de refondation (CNR) sur la petite enfance. A noter que la séance s'est tenue sans la secrétaire d'État chargée de l'enfance, Charlotte Caubel, qui devait étudier une proposition de loi au Sénat au même moment.
Le ministre promet une offre « géographiquement et financièrement accessible »
Dans sa conférence de presse donnée à l'issue de ce premier échange, le ministre a précisé qu'au cours des trois prochains mois, des échanges seront organisés dans une dizaine de territoires, avec également le déploiement d'un questionnaire en ligne à l'adresse des parents. C'est au printemps que seront dévoilées les conclusions de cette consultation, dans le but d'alimenter la réfléxion pour créer le « service public de la petite enfance » promis par le gouvernement.
Jean-Christophe Combe a précisé vouloir développer une offre d’accueil des jeunes enfants « qui soit la plus diversifiée possible et qui puisse correspondre aux souhaits des familles » et par ailleurs « géographiquement et financièrement accessible ». Malgré le volontarisme affiché, le gouvernement entend d'ores-et-déjà calmer les impatiences : en septembre, le ministre avait annoncé que l'objectif de création de 200 000 places d'accueil supplémentaires était fixé à l'horizon 2030, soit bien après la fin du deuxième mandat d'Emmanuel Macron en 2027. « D’ici là, débrouillez-vous !, ironisent les signataires de la tribune de Libération. Et l’on est prié·es de croire le gouvernement sur parole, en l’absence de toute planification pluriannuelle. »
Le CNR aboutira-t-il à la planification de ces places d'accueil des enfants ? Aux yeux des concerné·es, cela serait un minimum car pour l'heure, le gouvernement n'a pas offert de gages concrets. Au contraire, rappellent les signataires de la tribune, la discussion parlementaire cet automne du budget de la sécurité sociale aura été l'occasion d'un réagencement des fonds qui les a laissé·es inquièt·es : les 2 milliards d'euros d'excédent de la branche famille de la sécurité sociale ont été réaffectés à l'assurance maladie. « Le gouvernement devrait utiliser ce solde positif pour financer ce pour quoi il est prévu, plaident les signataires. Créer de nouvelles places en crèche, améliorer les conditions de travail des professionnel·les de la petite enfance qui ne cessent de se dégrader, revaloriser les congés parentaux. » De quoi laisser présager d'un bras de fer avec le gouvernement durant la concertation.