Le gouvernement prépare une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, dans laquelle les allocations évolueraient, à la hausse ou à la baisse, selon le taux de chômage.
Après une première réforme entrée en vigueur en 2021, le gouvernement veut de nouveau modifier les règles d’indemnisation des demandeur·euses d’emploi. L’ambition : adapter la durée de versement des allocations à la situation économique. Si le taux de chômage est élevé, les règles seront protectrices, c’est-à-dire que l’indemnisation sera plus longue. En revanche, s’il est bas, la durée d’indemnisation sera raccourcie. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, voit dans cette transformation une manière d’« inciter tous les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires du RSA à aller vers l’emploi ».
Un point de vue que les syndicats ne partagent pas. Dans un courrier commun daté du 9 septembre, les treize organisations ont dénoncé une « réponse simpliste […] qui sous-entend que le chômage est un choix ». À leurs yeux, l’adoption de ce nouveau système serait « inefficace » pour régler les problèmes de pénurie de main‑d’œuvre que connaissent plusieurs secteurs. Pire, les syndicats estiment qu’elle risquerait de précariser davantage les gens au chômage. « Si on coupe les vivres à une personne, il est évident qu’elle va tenter par tous les moyens de survivre, s’agace Denis Gravouil, négociateur de la CGT. Et donc accepter un poste pour lequel elle est moins qualifiée. »
Le gouvernement s’inspire du modèle canadien dans lequel le montant et la durée des allocations varient en fonction du lieu de résidence. « Là-bas, ce sont les travailleurs précaires, hybrides ou à temps partiel, qui souffrent le plus de cette variation des droits », s’inquiète Denis Gravouil.
Autre hypothèse de travail : le 27 septembre, devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée, qui examine le projet de loi sur l’assurance-chômage, Olivier Dussopt, s’est dit prêt à durcir l’accès à l’indemnisation du chômage dans le cas d’abandon de poste. « Il y a une faille : un salarié qui procède à un abandon de poste a accès à des conditions d’indemnisation plus favorables qu’un salarié qui démissionne », a‑t-il argué. Rappelons que ces abandons de poste – sur lesquels il n'existe pas de statistique – sont souvent dus au fait que l'employeur refuse une rupture conventionnelle.