Dans une tribune publiée ce vendredi dans Le Monde, les signataires – dont Agnès Jaoui, Virginie Despentes ou encore Leïla Slimani – demandent « aux autorités françaises de mettre en place un programme d'accueil humanitaire d’urgence » pour les femmes afghanes, jugées « extrêmement vulnérables ».
350 personnalités ont signé une tribune parue ce vendredi 21 avril dans le journal Le Monde, appelant les autorités françaises à repenser le système d'accueil des Afghanes en France, en mettant notamment en place « programme d'accueil humanitaire d'urgence ». La journaliste Solène Chalvon-Fioriti, ancienne correspondance en Afghanistan et autrice du documentaire Afghanes et l’association France terre d’asile sont notamment à l'initiative de cette tribune.
« L’Afghanistan est le pays le plus répressif pour le droit des femmes et des filles », écrit Solène Chalvon-Fioriti, autrice du texte. La journaliste raconte notamment comment, depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, la situation pour les femmes afghanes s’est considérablement dégradée. « Entre 2001 et 2021, le pourcentage de filles inscrites à l’école primaire en Afghanistan était passé de 0 % à 40 %. Le nombre d’étudiantes à l’université avait été multiplié par 20 », rappelle la journaliste. Plus loin, elle déplore : « En 2023, les compteurs ont été remis à zéro, de force. Par la seule volonté d’une dictature illégitime. »
Ces journalistes, universitaires, féministes ou spécialistes de l'Afghanistan signataires réclament la mise en place d'une aide humanitaire dans les pays frontaliers de l'Afghanistan. Certaines femmes tentent de fuir via un pays limitrophe comme le Pakistan ou l’Iran, elles « ne sont que quelques milliers », mais celles qui « arrivent à franchir la frontière […] se retrouvent seules, exposées à de nouveaux dangers », poursuit la tribune. Cette dernière déplore également que si, en « septembre 2021, le Parlement européen avait appelé à la création d’un visa humanitaire spécifique pour accueillir les femmes afghanes », cet appel « est resté sans suite ».
Un programme d'accueil en trois mesures
Aux côtés de la grand reporter, Agnès Jaoui, Virginie Despentes, Leïla Slimani, ou encore le directeur de Science Po Mathias Vicherat, ont signé cette tribune et demandent aux autorités françaises de permettre « l’accès à notre territoire à ces femmes qui n’ont plus accès au travail ou à l’éducation et qui sont isolées au Pakistan ou en Iran ».
La tribune propose un programme d’accueil qui sera découpé en « trois piliers » visibles sur cette page dédiée : « une aide humanitaire dans les pays frontaliers de l’Afghanistan permettant de protéger ces femmes qui fuient » ; « un engagement à faciliter et accélérer les délivrances de visa leur permettant de rejoindre la France pour y demander l’asile » ; et enfin « un système d’accueil renforcé à l’arrivée en France, qui reconnaisse leurs besoins spécifiques et s’ajoute aux dispositifs déjà existant pour les autres demandeurs d’asile ».
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