Sihem Boughdiri Nemsia, ministre des Finances du nouveau gouvernement tunisien présidé par Najla Bouden Romdhane, a refusé de se voiler pour prêter serment le 11 octobre dernier. Et cela est passé comme une lettre à la poste.
Lors de la cérémonie de prestation de serment devant le président de la République, qui se déroule au palais de Carthage à Tunis, la tradition tunisienne veut que les femmes du gouvernement prêtent serment la main droite posée sur le Coran et la tête couverte d’un foulard. Le 11 octobre dernier, Sihem Boughdiri Nemsia, ministre des Finances du nouveau gouvernement présidé par Najla Bouden Romdhane, a bouleversé la tradition en refusant de se voiler pour prêter serment devant le président, Kaïs Saïed. Hormis quelques grincheux sur les réseaux sociaux, le choix de la ministre n'a pas suscité de vives réactions, prouvant que le fait de prêter serment sans voile était désormais globalement bien accepté par la population et le milieu politique du pays.
Ce n’est pas la première fois qu’une femme politique tunisienne déroge à la coutume. Avant Sihem Boughdiri Nemsia, les députées Nefissa Wafa Marzouki et Hajer Ben Cheikh Ahmed avaient en 2013 et 2016 déjà choisi de prêter serment sur le Coran, la tête découverte.
Âgée de 56 ans, et sans étiquette politique (comme l'actuel président), Sihem Boughdiri Nemsia vient donc renouveler l’expérience. Titulaire d’une maîtrise en sciences économiques, elle était jusque-là directrice générale des Études et législations fiscales, chargée de mission au cabinet du ministère.
Najla Bouden Romdhane, première femme à la tête d’un gouvernement tunisien
« C’est un moment historique, un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne », déclarait le président Kaïs Saïed le 29 septembre dernier après la nomination de Najla Bouden Romdhane. Une nomination historique puisqu’il s’agit de la première première ministre de Tunisie mais également la première femme à occuper ce poste dans le monde arabe. Un succès toutefois en demi-teinte puisque le champ d’action de la première ministre a été réduit par le décret présidentiel du 22 septembre qui octroie désormais tous les pouvoirs au président.