Pour la première fois depuis la prise du pouvoir des talibans en août dernier, des universités publiques ont rouvert ce 2 février. Quelques femmes ont pu assister aux cours mais séparées des élèves masculins.
![Réouverture des universités publiques en Afghanistan : garçons et filles désormais séparés 1 woman in blue hijab and abaya](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/02/obfojcosvy-819x1024.jpg)
C’était une rentrée « joyeuse » mais teintée d’inquiétudes. Les universités publiques d’au moins trois provinces afghanes – Laghman, Nangarhar et Helmand – ont rouvert leur porte ce mercredi 2 février, selon l’AFP. Une première depuis la prise du pouvoir en août par les talibans, avant la réouverture dans les autres provinces programmée pour le 26 février. Jusqu’ici, seules les universités privées avaient pu rouvrir, en septembre.
La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a qualifié lundi cette réouverture de « vraiment importante » pour le pays, jugeant « fondamental que chaque jeune puisse avoir un accès égal à l'éducation ». Cette reprise des cours intervient après des discussions fin janvier entre les talibans et des diplomates occidentaux en Norvège, premier pays européen à recevoir les fondamentalistes islamistes depuis le mois d'août.
« C’est un moment de joie de reprendre nos cours, mais nous sommes toujours inquiets que les talibans puissent arrêter [les étudiants] », a réagi Zarlashta Haqmal, étudiante en droit et sciences politiques à l’université de Nangarhar à Jalalabad au micro de l’AFP. Si la reprise des cours a été accueillie avec joie et soulagement, elle n’a pas franchement attiré les foules, comme l’ont constaté les journalistes de l’AFP. À l’université de Laghman, par exemple, elles n’étaient qu’une poignée de jeunes femmes, vêtues de niqab à franchir l’enceinte du campus.
Classes non-mixtes
Depuis leur prise de pouvoir en août dernier, les talibans s'efforcent d'afficher une image d'ouverture et de modération affirmant être moins stricts que dans le passé. Lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001, l'éducation des filles et femmes était alors interdite. Si les filles ont pu retrouver cette fois les bancs des facs, elles doivent désormais faire classe séparées des garçons. Une première pour le pays, car avant la prise de pouvoir des talibans en août dernier, garçons et filles étudiaient ensemble. « Tout le monde peut venir. De 8h à 12h, les cours sont réservés aux femmes, et de 13h à 16h les classes auront lieu pour les hommes », a confirmé un employé de l’université à l’AFP. Les cours auront désormais lieu conformément à la charia, la loi islamique.
Une loi islamique qui réprime les libertés fondamentales des femmes afghanes. Elles sont toujours largement exclues des emplois du secteur public, et elles doivent être accompagnées d’un homme et de leur famille proche pour des longs trajets. Si les universités leur ont rouvert les portes, les filles n’ont toujours pas accès aux collèges et lycées. Les établissements du secondaire ont rouverts en septembre dernier, uniquement pour les enseignants et élèves masculins. Les filles devraient pouvoir y retourner d’ici fin mars, ont promis les talibans.