saad chaudhry AqHIWSsF24I unsplash
© Saad Chaudhry / Unsplash

Pour la jus­tice suisse, un viol “de courte durée” jus­ti­fie une peine plus courte

En 2021, la Cour d’appel de Bâle avait allé­gé la peine d’un homme condam­né pour viol, au motif, notam­ment, que l’agression n’avait duré "que" onze minutes. La plus haute ins­tance judi­ciaire du pays vient de légi­ti­mer cet argument.

Un viol est-​il moins condam­nable s’il est court ? Oui, estime la jus­tice suisse ! Le 22 novembre, le Tribunal fédé­ral suisse, plus haute ins­tance judi­ciaire du pays, a jugé que la durée “rela­ti­ve­ment courte” d’un viol devait être prise en compte dans le quan­tum de la peine, venant confir­mer une pré­cé­dente déci­sion de la Cour d’appel de Bâle. 

Rembobinons : en 2020, deux hommes, âgés de 17 et 33 ans, ont été accu­sés d’avoir vio­lé une femme devant son domi­cile, à Bâle, après l’avoir rac­com­pa­gnée chez elle en sor­tant d’une boite de nuit. En pre­mière ins­tance, l’accusé mineur avait été relaxé. L’accusé tren­te­naire, de natio­na­li­té por­tu­gaise, avait, quant à lui, éco­pé d’une peine d’emprisonnement de quatre ans et trois mois, assor­tie d’une inter­dic­tion de pré­sence sur le ter­ri­toire suisse pen­dant huit ans. 

Mais à l’été 2021, après qu’il a fait appel du juge­ment, la Cour d’Appel est reve­nue sur cette peine, qu’elle a réduite à trois ans de pri­son (dont dix-​huit mois avec sur­sis) et une inter­dic­tion de pré­sence de six ans. Oralement, la Cour avait alors moti­vé sa déci­sion en met­tant en avant le com­por­te­ment de la vic­time – qui aurait “joué avec le feu” et “don­né des mau­vais signaux” – ain­si que la durée de l’agression, jugée courte. Onze minutes, très exactement. 

"En accord avec la loi fédérale"

À l’époque, cette déci­sion avait sus­ci­té une vague d'indignation dans le pays – et même au-​delà, la chan­teuse belge Angèle s’en étant émue publi­que­ment. Elle a aus­si été condam­née par la vic­time et par le minis­tère public, qui ont por­té le dos­sier devant le Tribunal fédé­ral suisse. Tribunal qui, le 22 novembre, a donc ren­du sa déci­sion, confir­mant en par­tie celle de la Cour d’appel. Dans son juge­ment écrit, cette der­nière sou­li­gnait que l’accusé n’avait pas péné­tré la vic­time (contrai­re­ment à l’accusé mineur), en dépit d’une ten­ta­tive et d’une fel­la­tion impo­sée. Elle avait éga­le­ment jugé irre­ce­vable la crainte de la vic­time d’être conta­mi­née par une mala­die sexuel­le­ment trans­mis­sible, au motif qu’elle avait eu, peu de temps avant, un rap­port sexuel consen­ti et non pro­té­gé dans les toi­lettes d’un bar.

Le Tribunal fédé­ral a cas­sé ces deux points du juge­ment. Mais pas celui sur l’atténuation de la peine en fonc­tion de la durée du viol. “C'est en accord avec la loi fédé­rale”, a esti­mé le Tribunal. Cette ins­tance judi­ciaire ayant par­tiel­le­ment cas­sé le ver­dict ren­du par la Cour d’appel, un nou­veau pro­cès doit se tenir dans les pro­chains mois. Quant au second accu­sé, mineur au moment des faits et relaxé en pre­mière ins­tance, son dos­sier est actuel­le­ment à l’étude par la Cour d’appel. Qui déci­de­ra, ou non, d’un nou­veau procès.

Lire aus­si I Procès de Tariq Ramadan : l’islamologue accu­sé de viol a été acquit­té par le tri­bu­nal suisse

Partager
Articles liés
110 white noise 1 niklas grapatin

Nocives nuées

Lors de ses promenades nocturnes à Dacca, capitale surpeuplée du Bangladesh, Niklas Grapatin a voulu mettre en lumière l’immense pollution atmosphérique qui étouffe la ville.

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.