Selon le rapport annuel d'Amnesty International publié ce mardi 16 mai, les deux tiers des exécutions ont été prononcées en Iran dans un contexte de répression de la mobilisation contre le régime.
L’an dernier, les exécutions judiciaires ont atteint un niveau record depuis cinq ans, observe Amnesty International dans son rapport annuel sur la peine de mort publié ce mardi 16 mai. En 2022, au moins 883 personnes ont été exécutées dans vingt pays, c'est 53 % de plus qu’en 2021. D’après l’organisation de défense des droits humains, cette augmentation est essentiellement due « à des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord », notamment l’Iran, l’Arabie Saoudite et l’Égypte. Ces trois pays concentrent, à eux seuls, 90 % des exécutions mondiales, selon le rapport d'Amnesty International.
Le nombre des personnes exécutées dans le monde, établi par Amnesty International, serait bien en deçà de la réalité, car il ne prend pas en compte « les milliers d’exécutions qui ont probablement eu lieu en Chine dans le plus grand secret », souligne le rapport. Il est en effet difficile de déterminer avec exactitude le nombre d’exécutions totales dans le monde, la Chine, la Corée du Nord et la Viêt-Nam ne dévoilant pas leurs statistiques sur la peine de mort. « En raison du secret qui entoure ces pratiques dans ces trois pays et d’un accès très restreint aux informations à leur sujet, il est impossible d’établir des statistiques fiables », indique l’ONG dans son rapport.
« Politique de terreur »
En première ligne des pays où l’on a exécuté le plus de personnes en 2022, se trouve l’Iran, récemment secoué par des mobilisations depuis la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. À l’instar de l’Arabie Saoudite et de l’Égypte, le gouvernement iranien utilise la peine de mort « comme un instrument de répression pour étouffer les mouvements de contestation, et pour instaurer la terreur », précise l’ONG.
En tout, 576 personnes ont été exécutées en Iran en 2022 contre 314 en 2021. La peine de mort, prononcée à la suite de procès expéditifs, est utilisée par les autorités iraniennes pour étouffer les contestations à l'encontre du régime des mollahs. « L’État iranien est engagé dans une politique de terreur que l’on retrouve dans la rue et dans les tribunaux », condamne ainsi Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. Le rapport indique d’ailleurs que les exécutions continuent en Iran en 2023 : 94 personnes ont ainsi été exécutées en janvier et en février dernier.
Lire aussi I Iran : les femmes non-voilées désormais traquées par des caméras
En Arabie Saoudite aussi, le nombre d'exécutions a explosé. Il a triplé entre 2021 et 2022, passant de 65 à 196 exécutions. « Le nombre le plus élevé depuis 30 ans », condamne Amnesty International qui note 85 condamnations à mort « pour des infractions liées au terrorisme », et 57 pour « des infractions à la législation sur les stupéfiants ». Quant à l’Égypte, « la situation reste également très inquiétante », déplore l’ONG, même si le nombre de personnes exécutées a diminué en un an, passant de 83 à 24 en 2022. « Le pays reste l’un des principaux exécuteurs au monde », indique le rapport.
Amnesty International souligne néanmoins que la peine de mort a continué de reculer dans le monde en 2022. Six pays – le Kazakhstan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Sierra Leone, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et la Zambie – ont en effet aboli, entièrement ou partiellement, la peine de mort l'an dernier.