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Réfugiées nigérianes fuyant Boko Haram à Gwoza, dans l’Etat du Borno en 2015. © EU/ECHO/Isabel Coello

Nigeria : une ving­taine de femmes, accu­sées de sor­cel­le­rie, tuées par Boko Haram

Au total, une qua­ran­taine de femmes ont été arrê­tées, début novembre, par Boko Haram. Elles sont accu­sées de pra­ti­quer la sor­cel­le­rie, après la mort sou­daine d’enfants d’un com­man­dant du groupe djihadiste.

Des membres du groupe ter­ro­riste Boko Haram ont tué une ving­taine de femmes dans le nord-​est du Nigeria, ont décla­ré dimanche 13 novembre à l’AFP des proches des vic­times ain­si qu’une res­ca­pée. Début novembre, une qua­ran­taine de femmes ont été arrê­tées par les mili­ciens dans la région, accu­sées de pra­ti­quer la sor­cel­le­rie, après la mort sou­daine des trois enfants d’Ali Guyile, un com­man­dant du groupe dji­ha­diste. Elles ont ensuite été trans­fé­rées dans le vil­lage d’Ahzara près de la ville de Gwoza, dans l’État du Borno, sur ordre de ce dernier.

« [Ali Guyile] a dit qu'il allait enquê­ter sur notre impli­ca­tion dans la mort de ses enfants et don­ner une puni­tion appro­priée si nous étions recon­nues cou­pables », a décla­ré l'unique res­ca­pée à ce jour, Talkwe Linbe. « Jeudi, il a ordon­né que 14 d'entre nous soient abat­tues. J'ai eu de la chance de ne pas en faire par­tie et mon petit ami, par­mi les hommes qui nous gar­daient, m'a aidée à m'échapper la même nuit », a ajou­té cette femme âgée de 67 ans.

Selon les habitant·es du vil­lage d’Ahzara, douze autres femmes ont été tuées par des mili­tants de Boko Haram same­di 12 novembre. « J’ai reçu un appel de Gwoza m’informant que ma mère, deux tantes et neuf autres femmes ont été mas­sa­crées [same­di] sur ordre d’Ali Guyile, qui les a accu­sées d’être des sor­cières ayant tué ses trois enfants », a affir­mé un proche auprès de l’AFP.

Violences mas­sives à l'égard des femmes 

Le sort de la dizaine d'autres femmes déte­nues est pour l'heure incon­nu. L’armée nigé­riane, contac­tée par l'AFP, n'a pas réagi, mais une enquête serait menée selon des sources sécu­ri­taires. La com­mis­saire aux Affaires fémi­nines de l'État du Borno a pour sa part décla­ré qu'elle n’avait pas enten­du par­ler du mas­sacre, mais qu’elle se pen­che­rait pro­chai­ne­ment sur cette tra­gé­die. Comme le rap­pelle l'AFP, « les accu­sa­tions de sor­cel­le­rie ne sont pas rares au Nigeria », un pays, divi­sé entre un nord majo­ri­tai­re­ment musul­man et un sud majo­ri­tai­re­ment chré­tien. Le Code pénal nigé­rian sanc­tionne d'ailleurs l’accusation de sor­cel­le­rie, et même la menace d’accusation de sorcellerie.

Ce n'est pas la pre­mière fois que le groupe ter­ro­riste Boko Haram com­met des vio­lences mas­sives à l'égard des femmes au Nigeria. Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, le rapt de 276 lycéennes à Chibok, au nord-​est du Nigeria, avait ému bien au-​delà des fron­tières du pays afri­cain et fait naître le hash­tag #BringBackOurGirls. 109 lycéennes de Chibok n'ont tou­jours pas été retrou­vées à ce jour. Les res­ca­pées racontent toutes avoir été mariées de force, ven­dues, réduites à l'état d'esclaves sexuelles et de domestiques.

Lire aus­si I Les filles-​soldats, grandes oubliées des conflits armés

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