Dominique Vidal, journaliste et historien, qui a dirigé Les Nationalistes à l’assaut de l’Europe (éd. Demopolis, mars 2019).
Causette : Qui sont les nationalistes européens ?
Dominique Vidal : Il y a un ensemble de forces à l’œuvre : vous avez les partis d’extrême droite, les forces dites « populistes », dont la définition est très discutée, mais qui ont des points communs (volonté de dépasser le clivage gauche-droite, culte du chef, remise en cause de la démocratie participative, apologie du peuple en opposition aux élites mondialisées). Et, enfin, les mouvements nationalistes. Il y a encore quelques mois, la plupart d’entre eux voulaient quitter l’Union européenne (ou du moins l’euro). Aujourd’hui, ils veulent s’en emparer, la faillite du Brexit aidant.
C’est un scénario possible ?
D. V. : On n’en est pas là. Mais le danger, bien réel, c’est qu’ils parviennent à s’unir – de gros efforts sont d’ailleurs faits en ce sens – et qu’ils contraignent le Parti populaire européen [PPE, qui regroupe la plupart des partis conservateurs, ndlr] à faire alliance avec eux. Ce qui n’a rien d’un fantasme, puisque les forces nationalistes dirigent aujourd’hui deux pays (Pologne et Hongrie) et participent à la coalition de gouvernement dans dix autres.
Quels sont les principaux risques de ce scrutin ?
D. V. : Aujourd’hui, le Parlement européen élit le président de la Commission et se prononce sur la liste des commissaires européens. Si les nationalistes obtiennent plus de sièges – ce qui est vraisemblable –, il y a un risque très net d’avoir un renforcement de la politique d’austérité, une remise en cause importante des acquis sociétaux (droit à l’IVG, mariage pour tous…) et une attitude encore plus rigide à l’égard des phénomènes de migrations. Ce sont donc des enjeux majeurs.