Une coalition, constituée de cinq groupes anti-avortement, a saisi une cour de district du Texas afin de revenir sur l'autorisation de mise sur le marché du mifépristone, une pilule abortive très utilisée dans le pays. Un juge, nommé à l'époque par Donald Trump, doit rendre sa décision dans les prochaines semaines.
Quelques mois après le démantèlement de l’arrêt Roe v. Wade, qui sanctuarisait l’accès à l’avortement aux États-Unis, c'est l'une des pilules abortives les plus utilisées outre-Atlantique, la mifépristone, qui est maintenant menacée d'interdiction, rapportent plusieurs médias américains comme la radio NPR ou le Los Angeles Times. Le juge fédéral Matthew Kacsmaryk, saisi dans l'État du Texas par le groupe conservateur catholique Alliance Defending Freedom, doit se pencher très prochainement sur la question, étant donné que chaque parti devait rendre leur mémoire judiciaire ce vendredi 10 février.
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Une coalition, constituée de cinq groupes anti-avortement et menée par le groupe Alliance Defending Freedom, a saisi, en novembre dernier, la cour de district des États-Unis pour le district nord du Texas. Elle souhaite qu'un juge revienne sur l'autorisation de mise sur le marché du mifépristone, délivrée en 2000 par la Food and Drug Administration (FDA), l'administration américaine chargée d'autoriser la commercialisation des médicaments.
Il est possible depuis décembre 2021 d'envoyer par voie postale la mifépristone, ce qui a contribué à « alléger les conditions pour se le procurer », selon l'Alliance Defending Freedom. « Maintenant, le mifépristone est donné à des femmes qui n'ont jamais vu un médecin en personne », affirme le groupe.
Craintes des associations
Matthew Kacsmaryk a été nommé à son poste par Donald Trump en 2019 et a notamment travaillé comme avocat pour un groupe chrétien au Texas, ce qui fait craindre le pire aux associations de défense des droits des femmes. Le Centre pour les droits reproductifs (Center for reproductive rights) a fait part de ses craintes auprès de la NPR et dans un communiqué.
Dans un premier temps, si le juge se range du côté des groupes anti-avortement, le mifépristone pourrait être retiré temporairement du marché. La FDA pourrait choisir de relancer un processus d'approbation, ce qui prendrait des années. Jenny Ma, l'une des porte-parole du Centre pour les droits reproductifs, affirme qu'étant donné qu'une cour fédérale de district a été saisie, la décision pourrait s'appliquer à l'ensemble du pays, et pas seulement dans les États où l'avortement est interdit.
« Après la décision de la Cour suprême l'année dernière, il apparaissait presque qu'il y avait deux Amériques, où l'avortement est autorisé ou interdit. Cela équivaudrait à une interdiction nationale de cette pilule abortive. Les patients qui en ont besoin ne pourraient pas l'obtenir en pharmacie ou de la part d'une personne autorisée à prescrire des médicaments », s'inquiète Jenny Ma, qui a désormais les yeux fixés sur le juge Kacsmaryk.
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