Amnesty dénonce, dans son rapport publié ce 29 mars, la chute de la solidarité internationale en 2021 fragilisée par la crise du Covid et les conflits armés.
Le dernier rapport d’Amnesty International publié ce 29 mars dresse un état des lieux accablant des droits humains dans le monde en 2021. Selon l’ONG, la solidarité internationale a été reléguée au second plan, que ce soit en matière de lutte contre la pandémie de Covid-19, face aux conflits armés ou encore dans l’accueil des réfugié·es.
Amnesty épingle premièrement le nationalisme des grandes puissances et le cynisme des laboratoires pharmaceutiques qui, en refusant de vendre à prix abordable leurs vaccins au plus grand nombre, ont accru les inégalités en matière de lutte contre la pandémie. « Près de 72,4% de la population de l’Union européenne bénéficient d’un schéma vaccinal complet face au Covid-19 quand moins de 8% de la population africaine est complètement vaccinée », souligne Libération.
Répression des libertés individuelles
Le rapport dénonce également la répression des libertés individuelles « parfois sous couvert de lutte contre la pandémie », précise Libé. La liberté de manifester a, en effet, été réprimée dans au moins 85 pays d’après l’ONG et 67 pays ont voté des lois restreignant la liberté d’expression. À cette liste s’ajoute la Syrie qui vient de promulguer le 28 mars une loi prévoyant une peine de six mois de prison pour les Syrien·nes qui diffuseraient des informations « portant atteinte au prestige » de l’État.
Amnesty souligne également l’impact des conflits armés sur la solidarité, notamment la guerre en Ukraine qui a poussé en un mois près de 3,9 millions de réfugié·es hors de leur pays. Si le rapport se réjouit de l’élan massif de solidarité international mis en place par de nombreux gouvernements envers les réfugié·es ukrainien·nes, il signale que 84 millions de demandeurs·euses d’asile sont toujours sur les routes de l’exil dans le monde.
Oublier les conflits anciens
Les auteur·rices du rapport craignent en outre que l’apparition de nouveaux conflits ne fasse passer au second plan les anciens. Amnesty rappelle ainsi que le « Yémen entre dans sa septième année de guerre », tandis que la Syrie « est depuis onze ans dans le chaos sans qu’aucune solution n'ait été trouvée ».
À deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle en France, le rapport d’Amnesty insiste sur « la nécessité d’inscrire les droits de l’homme à l’agenda présidentiel » car la France est « très loin de l’exemplarité qu’on pourrait attendre d’elle » en matière de respect des libertés publiques et des droits humains, déplore le rapport, qui pointe les traitements dégradants subis par les exilé·es notamment à Calais (Pas-de-Calais).