L’entrée en vigueur, lundi, d’un texte de loi écossais luttant contre l’incitation à la haine, notamment envers les personnes transgenres, suscite de nombreuses polémiques. L’autrice JK Rowling s’est fermement opposée à cette décision juridique et a reçu le soutien du Premier ministre Rishi Sunak.
Alors que l’Écosse s’arme de nouveaux outils pour lutter contre la transphobie, cet enrichissement législatif est l’occasion d’un déferlement de haine envers les personnes trans. Entré en vigueur lundi 1er avril, le Hate Crime and Public Order Act (loi sur le crime de haine et l’ordre public) avait été proposé en 2020 par le gouvernement écossais, dirigé par les indépendantistes du SNP et adopté par le Parlement régional de Holyrood en 2021. Il criminalise les propos verbaux ou écrits et les attitudes “incitant à la haine” contre toute minorité discriminée, qu’il s’agisse de discriminations en raison de la religion ou ciblant des personnes en situation de handicap, âgées ou encore LGBTQIA+ – incluant donc les personnes trans. Ces faits sont désormais passibles d’une peine allant jusqu’à sept ans de prison. Comme le rappelle Le Monde, ce texte complète une loi de 1986 qui punissait les propos discriminatoires envers la race.
Les discriminations sexistes ne sont pas concernées par le nouveau texte, mais le gouvernement indépendantiste a promis une prochaine loi spéficique pour lutter contre la misogynie. Au premier jour de son entrée en vigueur, lundi, les détracteur·rices de la loi ont mis en avant les risques qu’elle représente, selon eux·elles, pour la liberté d’expression. Le Premier ministre conservateur du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a ainsi estimé que nul·le ne doit être poursuivi·e pour “énoncer de simples faits sur la biologie”. “Nous croyons en la liberté d’expression dans ce pays et les conservateurs la protègeront toujours”, a‑t-il déclaré auprès du quotidien Daily Telegraph.
JK Rowling en roue libre
D’autres voix lui ont emboîté le pas, provenant des milieux conservateurs mais aussi de syndicats d’auteur·rices et d’associations féministes. Elles dénoncent une menace à la liberté d’expression. L’autrice britannique JK Rowling, qui tient depuis plusieurs années désormais des propos transphobes, a conspué sur X, lundi, la nouvelle loi écossaise en ces termes : “La législation est grand ouverte aux abus de la part de militants qui veulent réduire au silence celles d’entre nous qui dénoncent les dangers de supprimer les espaces réservés aux femmes.” L’autrice de la saga Harry Potter s’empare également de l’absence de la mention femmes dans le Hate Crime and Public Order Act : “Depuis plusieurs années maintenant, les femmes écossaises subissent des pressions de la part de leur gouvernement et des membres des forces de police qui nient leurs témoignages, répudient les faits biologiques et adoptent une conception néo-religieuse du genre qui est indémontrable et invérifiable.” Enfin, elle ajoute, citant des cas de personnes transgenres condamnées pour viol ou agression sexuelle sur des femmes ou des jeunes filles : “La redéfinition du terme ‘femme’ pour inclure tout homme se déclarant comme tel a déjà eu de graves conséquences sur les droits et la sécurité des femmes et des filles en Écosse.” Menacée, en ligne, de poursuites sur la base de ce nouveau texte de loi, la mère d’Harry Potter a ponctué certains de ses tweets par le hashtag #ArrestMe.
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“Très fier” du texte, le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, s’est quant à lui dit “très confiant dans la capacité de la police écossaise” à le mettre en œuvre “comme il se doit”, face aux craintes exprimées. Le dirigeant écossais a en outre dénoncé de manière répétée la “désinformation” qui règne selon lui autour de cette législation, dont il met en avant les garanties pour protéger la liberté d’expression et lutter contre les poursuites abusives.
Le Parlement écossais adopte progressivement, et depuis plusieurs années, des lois à destination des personnes transgenres afin de protéger ces dernières. Fin 2022, cette instance avait voté une loi facilitant le changement de genre, mais celle-ci avait été bloquée par le gouvernement britannique, qui avait alors invoqué des “complications significatives en créant deux régimes de reconnaissance du genre au sein du Royaume-Uni”.