TAYLOR
De gauche à droite, Taylor Swift et le candidat Argentin Javier Milei. © Ronald Woan / Wikimedia - Vox España / Wikimedia

Argentine : la pré­si­den­tielle s’invite au concert de Taylor Swift

Les Swifties ont accou­ru de toute l’Amérique latine, places réser­vées, voire phy­si­que­ment occu­pées, depuis des mois. Pour les fans argen­tines, le concert de Taylor Swift, jeu­di soir à Buenos Aires, a été l’occasion d’échapper à un contexte élec­to­ral pesant, voire d’y por­ter un mes­sage contre un pré­si­den­tiable per­çu comme “machiste”. Reportage. 

Ce jeu­di 9 novembre a mar­qué le début de la tour­née de Taylor Swift en Argentine et la fin d’une longue attente pour des mil­liers de fans. Les plus fervent·es d’entre elles·eux cam­paient sur place depuis cinq mois, avec des tours de garde pla­ni­fiés sur tableau Excel et repas livrés sur place. Une orga­ni­sa­tion au cor­deau pour avoir le pri­vi­lège d’être au pied de la scène le jour J. Des mil­liers d’autres ont “juste” atten­du une quin­zaine d’heures depuis mer­cre­di soir. Au stade Monumental de Buenos Aires (80 000 places), la super­star amé­ri­caine de 33 ans don­nait hier soir le pre­mier de trois concerts du Eras Tour, tour­née mon­diale lan­cée aux États-​Unis en mars et qui pren­dra fin en décembre 2024 au Canada. 

Mais en Argentine, pour sa pre­mière venue dans le pays, Taylor Swift a été rat­tra­pée par la poli­tique, à dix jours d’un second tour d’élection pré­si­den­tielle indé­cis, entre un ministre de l’Économie, Sergio Massa (centre), et un ultra­li­bé­ral “anti­sys­tème”, Javier Milei, sou­vent com­pa­ré à Donald Trump pour lequel il a d’ailleurs expri­mé son admi­ra­tion. “Les Swifties [fans de Swift, ndlr] ne votent pas Milei!”, lance une pan­carte (rose) que Miriam Monllau prend en pho­to dans la file d’attente très majo­ri­tai­re­ment fémi­nine. Ambiance paillettes, sequins et cha­peaux de coun­try, autant de looks évo­quant les dif­fé­rentes “époques” de Taylor Swift.

Le “bon côté de l’histoire”

Miriam, 31 ans, employée dans le sec­teur du mar­ke­ting numé­rique, n’a aucun doute : “Les idées de Taylor vont à l’encontre de ce que serait Milei […] Je vois un paral­lèle assez fort entre lui et Trump, assure-​t-​elle. Or elle est contre Trump, contre tout ce qu’il repré­sente, un être machiste, patriar­cal.” À vrai dire, c’est plu­tôt Taylor Swift qui a rat­tra­pé la poli­tique argen­tine, que l’inverse. Le déclic, pour nombre de fans, c’est la sor­tie du docu­men­taire Miss Americana en 2020. Dans ce film, réa­li­sé par Lana Wilson, Taylor Swift se livrait après avoir long­temps refu­sé de par­ler poli­tique. Elle pré­ten­dait res­sen­tir désor­mais “le besoin d’être du bon côté de l’histoire”.

Dans la fou­lée, elle s’engageait en faveur des candidat·es démo­crates, Joe Biden et Kamala Harris, pour la pré­si­den­tielle amé­ri­caine, affir­mant qu’il·elle aide­raient l’Amérique à “com­men­cer à gué­rir”, après le man­dat de Trump. Dans le sillage de la “nou­velle” Taylor, des fans argentin·es ont récem­ment rebon­di, créant en octobre un compte sur X (ex-​Twitter), “SwiftiesContraLLA” (Swifties contre La Libertad Avanza, le par­ti de Javier Milei). Le compte, qui en quelques semaines avait réuni quelque 3 600 fans, appe­lait à “ne PAS voter Milei” le 19 novembre, face au “dan­ger qu’il repré­sente, prin­ci­pa­le­ment pour les femmes et la diver­si­té”. Il a depuis été suspendu.

“Une chan­son pour tout” 

“Taylor est du côté de la diver­si­té, des femmes. Et Milei a cette façon, disons domi­nante, de s’exprimer, il va direc­te­ment au clash, et Taylor se pro­nonce contre ça dans son docu­men­taire”, explique Sofia Ranui, étu­diante de 21 ans, quelques ins­tants avant le début du concert. Cependant, les fans ne viennent pas seule­ment voir Taylor Swift pour ses idées poli­tiques :“Elle repré­sente tout pour nous. Que tu sois triste ou heu­reux, que tu aies per­du quelqu’un, ou ren­con­tré quelqu’un, elle a une chan­son pour tout”, s’émerveille de son côté, Milena Nuñez, 23 ans, arri­vée d’Uruguay.

Par exemple, Julieta Zavala, 24 ans, une des “cam­peuses” de la pre­mière heure (depuis le 31 mai !), ne veut pas entendre par­ler de poli­tique. “Hors sujet, rien à voir ici”, sourit-​elle tout en confec­tion­nant des “bra­ce­lets d’amitié”, petit bijou fan­tai­sie à thème, ins­pi­ré des chan­sons de son idole et deve­nu objet culte des Swifties dans le monde. “C’est pas comme si on était toutes contre Milei. Chacune vote­ra pour lui, ou pas”, affirme-​t-​elle.

Pour l’instant, le moment est au plai­sir et à la détente pen­dant les trois jours de concert, avant que la réa­li­té ne rat­trape les Swifities. Ensuite, “c’est fini, le nuage qui pèse tou­jours au-​dessus des Argentins va reve­nir. Là, c’est notre pas­sion folle, c’est un petit nid douillet, une échap­pa­toire”, confie Sofia Ranui. Verdict dans dix jours. 

Lire aus­si I L'effet Taylor Swift : décryp­tage d'un délire mondial

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