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© Christian Wiediger

Allemagne : la pro­cé­dure admi­nis­tra­tive pour le chan­ge­ment de genre simplifiée

Selon un accord trou­vé ce same­di au sein du gou­ver­ne­ment alle­mand, les per­sonnes trans­genres, inter­sexuées et non binaires pour­ront désor­mais chan­ger de pré­nom ou de genre sur simple pré­sen­ta­tion d’une autodéclaration. 

Alors qu’en 2022, Olaf Scholz et son gou­ver­ne­ment avaient adop­té un vaste plan d’action pré­voyant un ancrage spé­ci­fique des droits LGBT+ dans la Constitution, ce same­di 25 mars, le gou­ver­ne­ment alle­mand a trou­vé un accord per­met­tant la sim­pli­fi­ca­tion de la pro­cé­dure admi­nis­tra­tive pour les per­sonnes sou­hai­tant chan­ger de genre. Une demande récla­mée de longue date par la com­mu­nau­té LGBT+. « En tant que groupe par­le­men­taire du SPD, nous saluons expres­sé­ment le fait que la loi sur l’autodétermination avance enfin », a décla­ré Jan Plobner, porte-​parole du Parti social-​démocrate pour les ques­tions concer­nant les per­sonnes trans­genres au Bundestag (chambre des dépu­tés alle­mande), selon fran­cein­fo.

D’après cet accord, révé­lé par le quo­ti­dien Süddeutsche Zeitung, les per­sonnes trans­genres, inter­sexuées et non binaires devront à l’avenir four­nir une simple auto­dé­cla­ra­tion si elles sou­haitent chan­ger de pré­nom ou de men­tion de genre dans le registre d’état civil. Un chan­ge­ment his­to­rique outre-Rhin. 

Un pro­cé­dure longue, coû­teuse et dégradante 

En effet, c’est la pre­mière fois qu’un accord modi­fie les pro­cé­dures actuelles qui datent des années 1980. Ces der­nières, par­ti­cu­liè­re­ment contrai­gnantes, obli­geaient les per­sonnes à se pré­sen­ter devant un tri­bu­nal et à four­nir deux exper­tises psy­cho­lo­giques, pour que le nom et le genre aux­quelles elles s’identifient soient léga­le­ment recon­nus. Une pro­cé­dure « longue, coû­teuse et jugée dégra­dante » par les per­sonnes concer­nées, se plai­gnant de la lour­deur et des ques­tions per­son­nelles intimes, selon le quo­ti­dien. L’accord entre les minis­tères de la Justice et de la Famille va per­mettre de bou­cler le pro­jet de loi sur l’autodétermination « afin que la légis­la­tion puisse, je l’espère, être bien­tôt appli­quée », a réagi Sven Lehmann, man­da­taire du gou­ver­ne­ment pour les droits de la com­mu­nau­té LGBT+, d’après Franceinfo. 

L’accord résout aus­si la ques­tion du chan­ge­ment de genre pour les mineur·es. Pour les moins de 14 ans, seul·es les parents ou tuteur·rices pour­ront enga­ger une pro­cé­dure. Pour les plus de 14 ans dont les parents contes­te­raient la démarche, c’est un tri­bu­nal qui devra tran­cher. Ce n’est qu’après trois mois que le chan­ge­ment de genre dans l’état civil entre­ra en œuvre. Une nou­velle demande éven­tuelle pour rechan­ger de genre ne sera pos­sible alors qu’après un an, pré­cise le quotidien. 

L'Espagne, pays précurseur 

Avec son pro­jet de loi sur l’autodétermination, l’Allemagne rejoint ain­si l’Espagne et les quelques pays au monde auto­ri­sant l’autodétermination du genre via une simple décla­ra­tion, à l’image du Danemark, pre­mier pays à avoir accor­dé ce droit en Europe aux per­sonnes trans­genres en 2014, ou encore de la Suisse, depuis le 1er jan­vier 2022. L’Espagne avait, elle, adop­té, le 17 février der­nier, un texte de loi auto­ri­sant les per­sonnes trans­genres qui ne se recon­naissent pas dans le sexe qui leur a été assi­gné à leur nais­sance à chan­ger de genre dès 16 ans, par simple décla­ra­tion à l’administration. La loi étend éga­le­ment ce droit aux 14–16 ans, à condi­tion qu’iels soient accompagné·es dans la pro­cé­dure par leurs tuteur·rices légaux·ales, ain­si qu’aux 12–14 ans, si iels obtiennent le feu vert de la justice. 

En France, la pro­cé­dure de chan­ge­ment de sexe avait été sim­pli­fiée par la loi du 18 novembre 2016. S’il n’est pas néces­saire d’avoir sui­vi un trai­te­ment médi­cal ou d’avoir été opé­ré, il faut en revanche jus­ti­fier que le sexe indi­qué sur l’état civil ne cor­res­pond pas à celui de la vie sociale (iden­ti­té de genre) par des témoi­gnages de proches, pho­to­gra­phies, docu­ments, attes­ta­tions médi­cales. Mais une exper­tise psy­cho­lo­gique n’est pas deman­dée. Cette demande se fait au tri­bu­nal et il faut être majeur ou mineur éman­ci­pé pour pou­voir la réaliser. 

À lire aus­si I « Dans beau­coup de pays, on est dans une logique d'élimination des per­sonnes LGBT+» : Jean-​Marc Berthon, pre­mier ambas­sa­deur des droits LGBT+, dévoile ses missions

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