L'existence de cet établissement de santé, institution féministe depuis 1964, est à nouveau menacée pour des raisons financières. Alors que sa fermeture est envisagée par l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France, salarié·es, usager·ères et Lilasien·nes vont manifester ce vendredi 29 avril devant le ministère de la Santé à Paris pour protester.
Qui veut la peau de la maternité des Lilas ? L'établissement aux 1 200 accouchements et 900 IVG annuels risque à nouveau la fermeture, dix ans après une première mobilisation d'ampleur pour la sauver d'ennuis financiers. Cette fois encore, c'est l'argent qui prend à la gorge cette maternité gérée par une association à but non lucratif. D'un côté, l'Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France pourrait ne pas renouveler son autorisation d'exercer qui prend fin le 2 juin, pointant la vétusté des locaux. De l'autre, les tractations avec un potentiel repreneur, le groupe de santé privé Avec, se compliquent, à cause des conditions de cette fusion, qui nécessiteraient de délocaliser la mater à Livry-Gargan, commune située à quelques kilomètres des Lilas (Seine-Saint-Denis).
Devant l'urgence pour trouver une solution, salarié·es, usager·ères et Lilasien·nes se sont donné rendez-vous vendredi 29 avril à 17h devant le ministère de la Santé à Paris pour interpeller le gouvernement quant à l'avenir de cette mater niveau 11. « Nous demandons au ministère de la Santé et à l'ARS le temps et les moyens de mettre en place un projet pérenne dans de nouveaux locaux, tout en conservant son personnel, ses valeurs et ses pratiques », écrit Jeanne Barral sur le site de la pétition qu'elle a lancée en avril pour soutenir la maternité où elle a accouché en 2020. L'ancienne patiente des Lilas a déjà recueilli 35 000 signatures, tout comme le soutien du maire de cette ville limitrophe de Paris, Lionel Benharous.
Seulement 0,5% d'épisiotomies
L'édile PS, ainsi que son prédécesseur Daniel Guiraud, ont signé le 26 avril un communiqué commun pour sauver cette institution féministe, « temple de l'accouchement physiologique » et dont le mot d'ordre est d'être à l'écoute des femmes depuis sa fondation en 1964. « La maternité fait partie du patrimoine des Lilas, écrivent-ils. Elle est au coeur de notre histoire collective, de nos histoires personnelles aussi souvent. »
Les deux hommes politiques, qui seront présents au rassemblement cet après-midi, se disent ouverts à la recherche de « solutions permettant sa reconstruction, aux Lilas si possible, à proximité sinon » et en appellent à un engagement financier de l'État, pour ces travaux comme pour le fonctionnement de l'établissement. Avec une condition : que le projet de renaissance du lieu de naissance soit « porté par le personnel de la maternité, garant de son "âme" ». Comprendre : même en cas de fusion avec un groupe privé. Selon les informations du Parisien, seules deux tiers des femmes accouchant aux Lilas ont recours à la péridurale, contre 90% à la clinique Vauban, gérée par le groupe Avec à Livry-Gargan, et avec laquelle est envisagée une fusion. « À Livry-Gargan, 20 % de césariennes et 11,6 % d’épisiotomies ont été réalisées lors des accouchements de 2020, écrit encore Le Parisien. Aux Lilas, sur la même période, ces chiffres tombent à 13 % et 0,5 %. »
C'est donc bien la philosophie engagée du personnel des Lilas pour un accouchement non médicalisé qu'il s'agit de sauver. Selon les connaisseur·ses du dossier, ces accouchements moins médicalisés sont dans le viseur de l'ARS, afin que la mater non-conformiste s'ouvre à des objectifs de rentabilité.
- qui accueille des femmes ne présentant a priori aucun risque de complication de leur accouchement[↩]