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Woody Allen au festival de Cannes en 2016. ©Georges Biard

Woody Allen, ne voit « rien de mal » à l’agression sexuelle de Rubiales sur Jenni Hermoso, et c’est bien ça le problème

Coup de gueule 

« Il ne l’a pas vio­lée », a décla­ré Woody Allen hier à pro­pos de Luis Rubiales, qui a embras­sé de force la joueuse Jenni Hermoso fin août. Au-​delà du malaise, ces pro­pos éclairent les accu­sa­tions pesant contre lui d’un jour nouveau. 

C’est bien connu, les hommes accu­sés de vio­lences sexistes et sexuelles peuvent tou­jours comp­ter sur le sou­tien de la sainte confré­rie des autres hommes accu­sés de vio­lences sexistes et sexuelles. Dernier exemple en date : Woody Allen volant au secours de Luis Rubiales, le patron de la Fédération de foot­ball espa­gnole, sus­pen­du tem­po­rai­re­ment par la Fifa après avoir embras­sé sur la bouche la joueuse Jenni Hermoso sans son consen­te­ment en août, lors de la finale de la Coupe du monde de foot­ball fémi­nine. En pleine pré­sen­ta­tion de son der­nier film, Coup de chance, à la Mostra de Venise, le réa­li­sa­teur amé­ri­cain a été inter­ro­gé lun­di 4 sep­tembre par le quo­ti­dien espa­gnol El Mundo sur le cas Rubiales. Déjà, on se ques­tionne sur la per­ti­nence de tendre le micro à Woody Allen sur le sujet. Rappelons que l’homme de 87 ans est lui-​même visé par des accu­sa­tions d’agression sexuelle, notam­ment sur sa fille adop­tive lorsqu’elle avait 7 ans. Le mini­mum de la décence envers la vic­time sup­po­sée ne serait-​il pas de se taire sur ce type de sujet ? Mais passons. 

Rappelons sur­tout que le bai­ser for­cé, volé par sur­prise par Luis Rubiales, n’est pas un bai­ser dési­ré et consti­tue une agres­sion sexuelle. Mais ça, Woody Allen ne semble abso­lu­ment pas le com­prendre. « Embrasser cette foot­bal­leuse était une erreur, mais il n’a pas brû­lé une école. Il ne s’est pas caché et ne l’a pas embras­sée dans une ruelle sombre. Il ne l’a pas vio­lée, c’était juste un bai­ser et c’était une amie. Quel mal y a‑t‑il à cela ? », a décla­ré le réa­li­sa­teur sans cil­ler. Woody Allen mini­mise les faits sup­po­sés, mais anni­hile éga­le­ment la parole de la vic­time pré­su­mée qui rappelons-​le encore, a affir­mé, quelques minutes après avoir été embras­sée de force par Rubiales, que « ça ne [lui avait] pas plu ». Woody Allen prouve ici que la notion de consen­te­ment lui échappe et qu’il hié­rar­chise la gra­vi­té des vio­lences sexuelles. Et c’est un énorme pro­blème étant don­né les charges qui pèsent sur lui. Ces pro­pos ne peuvent pas ne pas éclai­rer ces accu­sa­tions d’un jour nou­veau. Le réa­li­sa­teur le mesure-​t-​il ? Probablement pas. 

Lire aus­si I La Fédération espa­gnole de foot­ball demande la démis­sion de Luis Rubiales après son bai­ser for­cé sur Jenni Hermoso

Quant à la déci­sion de sus­pen­sion de Rubiales par la Fifa pen­dant 90 jours et la pro­cé­dure dis­ci­pli­naire pour « faute grave » ouverte contre lui par le Tribunal admi­nis­tra­tif du sport espa­gnol ? Là encore, Woody Allen ne semble pas non plus les com­prendre. « C’est dif­fi­cile d’imaginer qu’une per­sonne puisse perdre son emploi et être péna­li­sée de la sorte pour un bai­ser en public », s’est même empor­té le cinéaste. Mais c’est vrai, com­ment l’imaginer quand, à 87 ans, on tourne son 50e film et l’on conti­nue à être adou­bé par une large frange du ciné­ma, alors qu’on est soi-​même accu­sé de mul­tiples vio­lences sexuelles depuis plus de vingt-​cinq ans. 

De cette affaire, on pré­fè­re­ra alors rete­nir le com­por­te­ment de la sélec­tion mas­cu­line espa­gnole qui a publi­que­ment pris posi­tion hier contre le pré­sident de leur Fédération. « Nous sou­hai­tons dénon­cer le com­por­te­ment inac­cep­table de M. Rubiales, qui n’a pas été à la hau­teur de l’institution qu’il repré­sente, ont affir­mé d’une seule voix les joueurs lors d’une confé­rence de presse. Nous nous situons fer­me­ment du côté des valeurs por­tées par le sport. Le foot­ball espa­gnol doit être source de res­pect, d'inspiration, d'inclusivité et de diver­si­té, et doit don­ner l'exemple dans ses com­por­te­ments, aus­si bien sur le ter­rain qu'en dehors. » Unique exemple où l’envie nous vient d’affirmer : « Not all men ». 

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