Le réseau social Twitter se déchaîne depuis la nomination, hier soir, de Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol, au ministère de l’Intérieur, et d’Éric Dupond-Moretti, l’anti #MeToo des prétoires, à celui de la Justice. Revue de tweets indignés par ces nominations perçues comme une claque infligée aux droits des femmes.
En 2017, Emmanuel Macron avait fait de l’égalité entre les femmes et les hommes « la Grande Cause de son quinquennat ». Un nouveau premier ministre et un remaniement plus tard, que reste-t-il de la promesse ? Sur Twitter, nombre de commentateur·trices ont acté son enterrement.
Il faut dire qu’il n’y a pas un mois de ça, le 11 juin, la justice avait rouvert les investigations à l’encontre de Gérald Darmanin à propos de l’accusation de viol dont il fait l’objet. Avant d’en appeler à un rassemblement de protestation devant l’église de la Madeleine, le lendemain à Paris, la porte-parole du collectif féministe Nous Toutes, Caroline De Haas, a dégainé parmi les premières.
La militante est rapidement rejointe par de nombreuses féministes anonymes, qui s’inquiètent, avec l’arrivée d’un potentiel violeur à la tête du ministère qui chapeaute la police, du sort réservé dans les commissariats aux futures victimes de violences sexuelles souhaitant porter plainte…
… ou questionnent le devenir des poursuites judiciaires à son encontre après cette nomination à l’un des ministères régaliens de la République.
On se souvient aussi de la ritournelle des potos politiques de Gérald Darmanin quand les accusations portées à son encontre par Sophie Patterson-Spatz, en 2018, avaient été médiatisées : « Les accusations de viol, ça peut détruire une carrière. »
Lors de la passation de pouvoir entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin le lendemain, certains Twittos ne manquent pas de faire remarquer que l’ex-secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes manque de cohérence en applaudissant le nouveau ministre qui est désormais son N+1 direct : Marlène Schiappa est devenue, à l’occasion de ce remaniement, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté auprès du ministre de l’Intérieur.
Un comble pour le collectif PayeTaShnek, pour qui la messe est dite.
Ah, et bien sûr, on ne perd pas de vue qu’en bon soldat LR obédience conservatrice, Darmanin avait, au moment des débats sur le Mariage pour tous, un peu de mal avec les droits des personnes LGBTQ+.
Du côté du nouveau ministre de la Justice, la twittosphère féministe n’est pas franchement plus conquise. Tout juste installé au ministère de la Justice, l’avocat pénaliste Éric Dupond-Moretti est, lui aussi, vivement critiqué par les associations féministes.
On peut compter sur les membres de Twitter pour ressortir les archives : en 2018, Éric Dupond-Moretti estimait en effet que « #MeToo hystérise le débat public » et déclarait dans la presse qu’il existe des « “follasses” qui racontent des conneries et engagent l’honneur d’un mec qui ne peut pas se défendre, car il est déjà crucifié sur les réseaux sociaux ». De multiples prises de position à contre-courant du mouvement historique de libération de la parole des femmes autour des violences sexuelles, qui inquiètent aujourd’hui le Collectif national pour les droits des femmes.
Le « ténor du barreau », ainsi que la presse judiciaire aime à l’appeler, a également fait feu de tout bois pour défendre ses clients devant la justice. C’est le métier, nous direz-vous, mais les archives de la chroniqueuse judiciaire Marie Barbier au sujet de sa défense de Georges Tron, accusé d’agressions sexuelles et de viols, laissent pantoises aujourd’hui que Dupond-Moretti est garde des Sceaux.
Acquitté à l’issue de son procès, son avocat Éric Dupond-Moretti n’avait pas hésité à utiliser le terme « potiche » pour désigner les victimes. Pas de bol, là, les potiches, c’est bien nous, et on ne peut même pas se lever et se casser à la Haenel.