ÉDITO. « J'explique aux hommes que quand on est dans une démarche humanitaire, on ne choisit pas sur photo, ni en fonction de l'âge ou de la taille », racontait, le 31 mars, Kateryna Baratova devant les caméras de BFM-TV. À la tête d'une agence matrimoniale spécialisée en « femmes ukrainiennes », la quadragénaire a poussé un coup de gueule à la télévision pour dénoncer les intempestifs appels d'hommes à sa petite entreprise pour se porter volontaires à l'accueil de réfugiées célibataires.
D'après BFM, l'agence Au cœur de l'Est de Baratova ne serait pas la seule à être assaillie par les demandes d'hommes de tout poil (« des dirigeants d'entreprise, des routiers, des retraités », liste Baratova) pour porter assistance à des Ukrainiennes fuyant la guerre. Et ce, toute honte bue, souligne la marieuse installée à Marseille : « Beaucoup de ces hommes cherchent à dissimuler leur intérêt personnel. [Ils ne disent pas] sincèrement qu'ils sont à la recherche d'amour, qu'ils cherchent à héberger une belle femme ukrainienne, qu'ils choisissent sur le site. » Car oui, parfois, lorsque ces hommes appellent Kateryna Baratova, ils ont sélectionné « une femme précise sur le site », assure-t-elle.
Ce « soi-disant élan humanitaire » comme le dit à raison la marieuse met en lumière le comportement douteux d'hommes pas forcément tous mal intentionnés. Pourtant, en choisissant de cibler leur charité envers des femmes en situation d'extrême fragilité, exilées pour cause de guerre, ils deviennent des prédateurs en puissance. Quel genre de gratitude attendent-ils de « leur » réfugiée ukrainienne ?
Cette histoire révèle encore autre chose. En vantant la « beauté slave » des dizaines de femmes présentes dans leurs listes, ces agences matrimoniales surfent sur le fantasme de la « fille de l'Europe de l'Est » – physique à se damner, mœurs irréprochables et docilité inclue. Et alimentent ainsi des stéréotypes ethniques et sexistes dont on se passerait bien.