Notre collaboratrice a de plus en plus de mal à cohabiter avec un Pablo Servigne tyrannique miniature.
![Pression générationnelle : Mon fils, ce relou d'écolo 1 99 la jeunesse guidant le peuple climat 11 ©Plainpicture](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/06/99-la-jeunesse-guidant-le-peuple-climat-11-©Plainpicture-683x1024.jpg)
C’était l’année dernière. Insouciante, j’envoyais d’une pichenette mon mégot continuer sa vie dans un caniveau quand, derrière moi, une petite voix a mugi :
« Tu ramasses ça tout de suite ! Tu sais qu’un mégot, ça peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau ? »
Ben non, honte sur moi, je savais pas. Et, double honte, la petite voix en question appartenait à mon fils de 10 ans :
« Tu ramasses, espèce de pollueuse, va !
– Tu peux dire “s’il-te plaît, maman” quand même », répliquai-je en me baissant pour ramasser l’objet de mon forfait et ce qui restait de ma dignité, sous l’œil goguenard des passants.
L’épisode m’a donné à réfléchir. C’est un fait – et je ne m’en vante pas –, mon fils est plus écolo que son père et moi. Il est obnubilé par l’épuisement des ressources de la planète. Je me dis que, malgré mon bug sur les mégots, on a dû lui transmettre quelques idées de base : on essaie de consommer au maximum bio et local, on ne possède pas de voiture, on a un compost…
« Euh, concernant l’écologie, vous m’avez appris peut-être 0,0001 % de choses… Les 99,99 % qui restent, c’est pas vous », me rétorque cet ingrat, annulant les derniers espoirs que je plaçais en nos capacités écolo-parentales.
Bon, OK, soyons beaux joueurs, admettons qu’il tient ses préoccupations environnementales de l’école maternelle où il a été. Dans cet établissement de la banlieue parisienne agréé développement durable, où on sensibilisait les élèves au jardinage et au recyclage, il a dû apprendre les bons comportements de base. Même pas !
« C’est dans le journal Astrapi que j’ai tout appris », m’informe notre autodidacte.
N’empêche, le coup des 0,0001 % me reste légèrement en travers de la gorge. Bon sang, on fait notre lessive nous-mêmes à base de lierre ou de savon de Marseille. C’est pas écolo, ça ? Et la cuisine maison et de saison, c’est pas de l’amour 100 % durable ? Visiblement obsessionnel des chiffres, l’enfant nous concède la note de 7,5÷10 en écologie. Et s’octroie, pour sa part, un 8,1. Pourquoi le « ,1 » ?
« Parce que ça fait plus sérieux, plus scientifique », nous explique-t-il. Mais l’ayatollah vert n’est jamais rassasié :
« Papa, il ne ferme pas le robinet quand il boit ou qu’il se brosse les dents, ça m’énerve. » J’en prends bonne note.
« Et puis, faudrait que vous utilisiez moins Internet. Parce que, après, ça va dans les data centers et ça consomme de l’énergie. »
Là, je tique un peu : « Oui, enfin bon, on en a besoin pour notre travail quand même.
– Si t’enlèves le temps que tu passes sur Facebook, ça ferait déjà beaucoup d’économie… », répond la petite vipère.
OK. Il la joue sur ce terrain. On va aller le houspiller un peu, l’écolo irréprochable :
« Et quand tu me demandes des gâteaux indus avec plein d’emballage plastique autour, on en parle ?
– Le plastique, je le garde dans mes poches après, alors ça pollue pas.
– Et quand tu insistes pour prendre des bains ?
– T’as qu’à pas m’obliger à me laver aussi… »
Décidément, l’enfant écolo est trop fort. Il recycle tout avec brio, même les arguments les plus foireux… N’empêche que si tous nos enfants étaient plus écolos que nous, on aurait quand même de quoi nourrir quelque espoir. En attendant, pour ne pas perdre la face, on est bien obligés de les écouter !