Pression géné­ra­tion­nelle : Mon fils, ce relou d'écolo

Notre col­la­bo­ra­trice a de plus en plus de mal à coha­bi­ter avec un Pablo Servigne tyran­nique miniature.

99 la jeunesse guidant le peuple climat 11 ©Plainpicture
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C’était l’année der­nière. Insouciante, j’envoyais d’une piche­nette mon mégot conti­nuer sa vie dans un cani­veau quand, der­rière moi, une petite voix a mugi :
« Tu ramasses ça tout de suite ! Tu sais qu’un mégot, ça peut pol­luer jusqu’à 500 litres d’eau ? »
Ben non, honte sur moi, je savais pas. Et, double honte, la petite voix en ques­tion appar­te­nait à mon fils de 10 ans :
« Tu ramasses, espèce de pol­lueuse, va !
– Tu peux dire
“s’il-te plaît, maman” quand même », répliquai-​je en me bais­sant pour ramas­ser l’objet de mon for­fait et ce qui res­tait de ma digni­té, sous l’œil gogue­nard des passants. 

L’épisode m’a don­né à réflé­chir. C’est un fait – et je ne m’en vante pas –, mon fils est plus éco­lo que son père et moi. Il est obnu­bi­lé par l’épuisement des res­sources de la pla­nète. Je me dis que, mal­gré mon bug sur les mégots, on a dû lui trans­mettre quelques idées de base : on essaie de consom­mer au maxi­mum bio et local, on ne pos­sède pas de voi­ture, on a un com­post…
« Euh, concer­nant l’écologie, vous m’avez appris peut-​être 0,0001 % de choses… Les 99,99 % qui res­tent, c’est pas vous », me rétorque cet ingrat, annu­lant les der­niers espoirs que je pla­çais en nos capa­ci­tés écolo-parentales. 

Bon, OK, soyons beaux joueurs, admet­tons qu’il tient ses pré­oc­cu­pa­tions envi­ron­ne­men­tales de l’école mater­nelle où il a été. Dans cet éta­blis­se­ment de la ban­lieue pari­sienne agréé déve­lop­pe­ment durable, où on sen­si­bi­li­sait les élèves au jar­di­nage et au recy­clage, il a dû apprendre les bons com­por­te­ments de base. Même pas !
« C’est dans le jour­nal Astrapi que j’ai tout appris », m’informe notre autodidacte. 

N’empêche, le coup des 0,0001 % me reste légè­re­ment en tra­vers de la gorge. Bon sang, on fait notre les­sive nous-​mêmes à base de lierre ou de savon de Marseille. C’est pas éco­lo, ça ? Et la cui­sine mai­son et de sai­son, c’est pas de l’amour 100 % durable ? Visiblement obses­sion­nel des chiffres, l’enfant nous concède la note de 7,5÷10 en éco­lo­gie. Et s’octroie, pour sa part, un 8,1. Pourquoi le « ,1 » ?
« Parce que ça fait plus sérieux, plus scien­ti­fique », nous explique-​t-​il. Mais l’ayatollah vert n’est jamais ras­sa­sié :
« Papa, il ne ferme pas le robi­net quand il boit ou qu’il se brosse les dents, ça m’énerve. » J’en prends bonne note.
« Et puis, fau­drait que vous uti­li­siez moins Internet. Parce que, après, ça va dans les data cen­ters et ça consomme de l’énergie. »
Là, je tique un peu : « Oui, enfin bon, on en a besoin pour notre tra­vail quand même.
– Si t’enlèves le temps que tu passes sur Facebook, ça ferait déjà beau­coup d’économie… »,
répond la petite vipère.
OK. Il la joue sur ce ter­rain. On va aller le hous­piller un peu, l’écolo irré­pro­chable :
« Et quand tu me demandes des gâteaux indus avec plein d’emballage plas­tique autour, on en parle ?
– Le plas­tique, je le garde dans mes poches après, alors ça pol­lue pas.
– Et quand tu insistes pour prendre des bains ?
– T’as qu’à pas m’obliger à me laver aussi… »

Décidément, l’enfant éco­lo est trop fort. Il recycle tout avec brio, même les argu­ments les plus foi­reux… N’empêche que si tous nos enfants étaient plus éco­los que nous, on aurait quand même de quoi nour­rir quelque espoir. En atten­dant, pour ne pas perdre la face, on est bien obli­gés de les écouter ! 

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