Un collectif de 25 médecins de l'hôpital Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne) estime, dans Le Monde, que la vaccination contre le papillomavirus « ne devrait dépendre ni du genre ni de l’orientation sexuelle mais devrait avoir lieu le plus tôt possible, dès l’âge de 9 ans ».
En France, chaque année, 30.000 lésions précancéreuses et 8000 cancers sont induit·es par les infections au papillomavirus humain, une IST que rencontrent 70% à 80% des hommes et des femmes sexuellement actifs. Ces cancers pourraient être « évités », estime un collectif de 25 médecins de l'hôpital Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), dans une tribune publiée jeudi dans Le Monde, avec une vaccination plus étendue et précoce.
Les professionel·les de santé de cet établissement, spécialisé dans la lutte contre le cancer, affirment qu'il faudrait que le taux de couverture vaccinale de la population ciblée dépasse les 80%. « Or, actuellement seulement 40 % des filles et 6 % des garçons sont vaccinés en France, contrairement à nos voisins européens, où la couverture vaccinale dépasse les 50 % voire les 75 % selon les pays, soulignent les spécialistes. Un vaccin efficace et bien toléré protège contre les infections les plus graves (à l’origine de lésions précancéreuses et de cancers). »
Ils et elles déplorent ainsi que le calendrier vaccinal français préconise une vaccination pour les filles et les garçons de 11 ans à 14 ans (en deux doses) et entre 15 ans et 19 ans révolus dans le cadre d’un rattrapage vaccinal (schéma à trois doses), alors même que le vaccin contre le papillomavirus humain « a une autorisation de mise sur le marché dès l’âge de 9 ans en Europe ». Selon ces médecins, « la vaccination ne devrait dépendre ni du genre ni de l’orientation sexuelle mais devrait avoir lieu le plus tôt possible, dès l’âge de 9 ans, comme cela se pratique dans d’autres pays du monde, en accord avec les recommandations de l’OMS ».
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Cinquième cause de cancers dans le monde
Cinquième cause de cancers dans le monde, le papillomavirus humain est surtout connu pour être responsable des cancers du col de l’utérus (99,7 %) et de la moitié des cancers de l’oropharynx (ORL). Mais il est également responsable d’autres cancers, rappelle la tribune, comme certains du vagin (75 %), de la vulve (69 %), de l’anus (91 %), du pénis (63 %) et de la peau (carcinome spinocellulaire).
Parmi les 8000 cancers induits par l’HPV, certains sont donc « plus rares » et les patient·es « ont très peu accès à l’innovation thérapeutique », notent les signataires de la tribune : « Ainsi, alors que l’immunothérapie est devenue un standard dans la prise en charge des cancers ORL et du col de l’utérus, les patients atteints par d’autres types de cancers induits par l’HPV en sont privés. Pourtant, tous ces cancers présentent les mêmes caractéristiques, et tous les patients devraient pouvoir bénéficier des mêmes avancées thérapeutiques. »
Un groupe HPV trans-organe a été créé par ces médecins à l’Institut Gustave Roussy avec dans l'idée de monter « un programme de recherche clinique et translationnelle centré sur tous les cancers induits par HPV pour accéder plus facilement à l’innovation thérapeutique ». Ces spécialistes souhaitent également « favoriser une prise en charge et une recherche multidisciplinaire, au moment du diagnostic et des traitements, ainsi qu’en termes de prévention et de dépistage des pathologies induites par l’HPV ».
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