Des opérations de reconstruction au business des poitrines XXL, du libre choix des femmes de modeler leur corps aux normes porno intériorisées… Objet de désir et de répulsion, l’implant mammaire reflète notre ambiguité vis-à-vis des seins.
Une texture de velours, des reflets irisés comme une ombrelle de méduse et un parfum de soufre. Les implants mammaires incarnent à eux seuls notre relation complexe à la poitrine des femmes. Dès la fin du XIXe siècle, des chirurgiens élaborent des procédés hasardeux pour restaurer une féminité jugée incomplète après une mastectomie. En 1895, l’Austro-Allemand Vincenz Czerny publie le compte rendu d’une des premières opérations de reconstruction : après avoir retiré un cancer du sein à sa patiente, il glisse une boule de graisse ponctionnée sur son flanc pour restituer la symétrie de son torse.
À la même époque, le Viennois Robert Gersuny introduit de la vaseline, une huile minérale, dans un sein pour le grossir. C’est l’enthousiasme, puis la désillusion : la vaseline finit par durcir ou se disperser, créant des nodules potentiellement dangereux.
Au début des années 1960, deux chirurgiens texans élaborent une enveloppe remplie de silicone
Le début du XXe siècle voit fleurir les expériences. Résultat : médiocre à désastreux. Jusqu’à la révolution de la silicone. Au début des années 1960, deux chirurgiens texans, Franck Gerow et Thomas Cronin, élaborent une enveloppe remplie de ce composé pour l’entreprise Dow Corning. Une chienne nommée Esmeralda sert de[…]