C’est fou ce qu’un rite peut dire de notre société. Celui du self-marriage, ou « mariage avec soi », souligne nos contradictions lorsqu’il s’agit de célibat féminin. Alors qu’il prône l’indépendance et l’amour de soi, il renforce aussi, selon certain·es, la norme conjugale et la société de consommation.

Passer 25 ans sans la bague au doigt ne vaut plus l’étiquette de « Catherinette » ni l’obligation qui va avec la coutume, à savoir parader en ville coiffée d’un chapeau vert et jaune, pour trouver un mari peu regardant à l’égard de ce grand âge. À la figure de la vieille fille honteuse aux accoutrements couleur Brésil s’est substituée une femme seule, menton levé, en robe blanche et bouquet fleuri en main. Car, pour célébrer son célibat, il existe aujourd’hui un nouveau rite : le self-marriage (« mariage avec soi »). Pratique également connue sous le nom de « sologamie ». Les premières cérémonies connues sont célébrées au début des années 2010 aux États-Unis et au Royaume-Uni par des femmes à la démarche féministe. Depuis, la donne a changé. On trouve des agences d’organisation de self-marriage. La rappeuse américaine Lizzo en a fait son clip Truth Hurts, en 2017. Et il existe même des kits de tee-shirts, des alliances et des « feuilles de route vers l’optimisme » estampillés « I married me », à commander sur Internet.[…]