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© Margaux Walter

L'amour, plus fort que la viande

Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sentimental pour comprendre comment les visions divergentes de chacun·e n’empêchent pas (toujours) le ménage de tourner. Gabriel ne mange aucun produit animal. Salomé consomme viande et fromage. Pour ne plus faire plat à part, il et elle ont appris à cuisiner végétalien. En revanche, trouver un restaurant qui leur convienne à tous les deux, c’est franchement pas de la tarte !

Gabriel

27 ans

Salomé

26 ans

« Quand on s’est mis ensemble avec Salomé, il y a sept ans, j’étais végétarien. J’ai ensuite choisi de devenir végan. Je n’aime pas spécialement les animaux, mais je me suis demandé pourquoi les manger, les faire souffrir, si ce n’est pas nécessaire.

Au début, c’était embêtant de voir Salomé manger de la viande. C’est mes convictions, et je trouvais dommage qu’elle n’ait pas la même prise de conscience. Aujourd’hui, je n’y pense plus. Je ne vais pas me battre toute ma vie alors que tout se passe bien entre nous. Elle comprend mes convictions, elle est même d’accord. On se dit comment on se sent, on s’écoute.

Quand je suis devenu végan, elle m’a dit : “C’était mieux quand tu étais végétarien.” Au moins, on avait le fromage et les œufs en commun. Au départ, c’était chacun son plat. Ce n’était ni pratique ni sympa de ne pas manger la même chose. Heureusement, cette organisation n’a pas duré longtemps. On a cherché des recettes véganes, et maintenant on a l’habitude de cuisiner ainsi. On a découvert tellement de goûts, notamment l’umami, qu’on retrouve dans les plats asiatiques. On utilise beaucoup d’herbes, de sauce soja, de miso, de pâte de curry… Et les nouilles sautées, c’était la grosse révélation !

Quand il y a de la viande dans le frigo, ce qui est rare, je l’ignore. J’ai plus de mal quand on peut visualiser l’animal, comme à Noël dans la famille de Salomé, qui avait préparé du homard. Les odeurs sont dérangeantes aussi, celles des lardons et du fromage, par exemple.Le plus contraignant, c’est le restaurant. On a vécu aux États-Unis et en Suède, il y avait du choix partout. C’est moins le cas en France. Alors, on retourne régulièrement là où il y a des options pour moi. Mais ça empêche Salomé de manger dans de nouveaux endroits. J’estime que, pour que ça se passe bien, il faut que la personne qui consomme encore de la viande soit compréhensive. Moi, en tant que végan et antispéciste *, je ne peux pas aller vers elle pour la nourriture, puisque je ne mangerai plus ni viande ni produits animaux. »

* L’antispécisme ne fait pas de hiérarchie entre humains et animaux, contrairement au spécisme, qui place les intérêts des êtres humains
au-dessus de ceux des autres espèces animales.

« Je n’ai jamais été une grosse viandarde. D’ailleurs, je ne sais pas vraiment cuisiner la viande, un steak à la rigueur. Aujourd’hui, j’en mange surtout à l’extérieur. Avant de rencontrer Gabriel, je ne me rendais pas compte des implications de la consommation de viande. C’est peut-être horrible, mais l’aspect environnemental me touche plus que la cause animale. Je suis encore spéciste.

À la maison, on mange principalement végan, même s’il m’arrive d’ajouter du fromage dans mon assiette. Je n’achète plus d’œufs, mais je ne regarde pas les ingrédients sur mon paquet de cookies pour ­vérifier qu’il n’y en a pas.

Il m’arrive de me sentir coupable. Par exemple, au supermarché, si j’ai envie de saucisses Knacki, je vais me dire que Gabriel va me juger. Une fois, j’ai testé une recette poulet-maroilles, ça sentait fort, même moi j’étais gênée. Et côté activités, j’ai un vrai dilemme sur l’aquarium le plus gros d’Europe à Boulogne-sur-Mer, Nausicaá. Je voulais y aller, mais je ne sais plus trop quoi faire !

Quand Gabriel est devenu végan, je lui ai demandé s’il était sûr de lui. C’est ce que j’ai dû lui dire de plus violent, donc ça va ! En fait, pour moi, ça a été… pas comme un deuil, mais le camembert rôti au four qu’on partageait, par exemple, c’était fini. Et à l’extérieur, ça arrive souvent qu’on ne puisse pas aller dans un restaurant qui nous tente. C’est frustrant pour moi. L’exemple typique, c’est les estaminets qu’on ne peut pas tester ensemble. Je ressens aussi un certain agacement à l’égard des gérants de restaurant qui ne proposent pas d’option végétalienne.

Quand on va chez mes parents – ils sont restaurateurs et font de la cuisine normande avec beaucoup de crème et de viande –, il y a souvent deux plats différents en grosse quantité, dont un végétalien pour Gabriel. Je ne choisis pas forcément la viande. Si ma mère ou ma sœur critiquent, je me range du côté de ceux qui ne mangent pas de viande. J’aimerais être végane, mais, comme j’ai eu des troubles du comportement alimentaire, c’est compliqué pour moi d’avoir des restrictions, des interdits. Mais je fais la promotion du véganisme, d’autant que, lors de débats, ça nous rapproche d’être dans le même camp. » 

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