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© Lukasz Wierzbowski

Couple : réus­sir à trou­ver un com­pro­mis entre dif­fé­rentes concep­tions des vacances

Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sen­ti­men­tal pour com­prendre com­ment les visions diver­gentes de chacun·e n’empêchent pas (tou­jours) le ménage de tour­ner. Pour Anaïs, les vacances sont syno­nymes de visites et d’activités cultu­relles à foi­son. Pour Morgane, elles riment avec far­niente et repos. Ensemble, elles ont appris à s’évader différemment.

Anaïs, 31 ans

« Pour nos pre­mières vacances, j’ai offert à Morgane une semaine à Rome. On était ensemble depuis six mois, et c’était une sur­prise. J’avais ima­gi­né un plan­ning avec les iti­né­raires, les lieux que j’aimerais visi­ter… C’est là qu’on a eu notre pre­mière dis­cus­sion sur le sujet. Elle m’a dit : “Je ne fonc­tionne pas du tout comme ça. Je ne fais pas de plan­ning, je fais la grasse mati­née, et ensuite on voit com­ment on orga­nise la jour­née.” Pour moi, ça a été une sur­prise totale. J’ai com­men­cé par me remettre en ques­tion : tra­vaillant dans la culture, j’étais peut-​être dans une démarche qui col­lait un peu trop à mon métier. Puis j’ai essayé de voir com­ment on pou­vait conci­lier nos façons de voya­ger : j’ai impo­sé cer­taines visites qui me tenaient à cœur et j’ai essayé d’être plus flexible sur d’autres, en pre­nant par­fois un peu sur moi.
Mais on n’a jamais envi­sa­gé de par­tir l’une sans l’autre. Après cette semaine à Rome, on a très vite repro­gram­mé d’autres séjours ensemble, mais pour de plus petites durées, des sortes de mid-​weeks. Et on alterne visites et far­niente. Ce que j’ai rete­nu de ces vacances à Rome, c’est que tout doit être dis­cu­té entre nous, même les horaires d’avion. Au départ, j’avais ten­dance à prendre en charge l’aspect logis­tique. Puis elle s’y est mise aus­si. Avec Morgane, j’ai décou­vert les hôtels avec plus de trois ou quatre étoiles. Moi, pour la Saint-​Valentin, jamais je n’aurais envi­sa­gé de louer une chambre sur les Champs-​Élysées ! Elle l’a fait et, effec­ti­ve­ment, on voit la vie d’un autre angle : quand on en a la pos­si­bi­li­té, c’est aus­si très agréable de se faire chou­chou­ter.
Par contre, on a un pro­jet qui est tou­jours en dis­cus­sion : un cof­fret “week-​end en lieu inso­lite” reçu pour notre Pacs, il y a un an. On n’a pas réus­si à trou­ver un loge­ment qui convienne à Morgane : soit il y a des toi­lettes sèches, soit les sani­taires sont en com­mun, ou alors il faut dor­mir chez l’habitant. Morgane et moi, on est à l’opposé du point de vue des pas­sions, du tra­vail, des goûts… et on se com­plète tota­le­ment. Pour les vacances, c’est juste une flexi­bi­li­té à avoir, et c’est un équi­libre qu’on trouve plu­tôt bien. » 

Morgane, 28 ans

« Quand Anaïs m’a offert ce voyage à Rome, j’étais vrai­ment très contente. C’est sans doute l’un des plus beaux cadeaux qu’elle m’ait faits. C’est quand on a com­men­cé à par­ler du pro­gramme que j’ai sen­ti qu’on était en déca­lage. Ça fai­sait plu­sieurs années que je n’étais pas par­tie, et ma défi­ni­tion des vacances c’était vrai­ment “repos abso­lu et far­niente”. Moi aus­si j’avais envie de par­tir avec elle, donc j’avais com­men­cé à regar­der, mais pour des vacances en bord de mer, à l’hôtel, en all inclu­sive, où l’on ne fait rien si ce n’est pro­fi­ter de la plage. Entre-​temps, elle m’a fait cette sur­prise. J’ai vite com­pris que ça n’allait pas être repo­sant… et ça a été assez érein­tant. Je sais qu’elle aus­si a mis de l’eau dans son vin. Mais ça nous a éton­nées de décou­vrir qu’on avait une vision aus­si dif­fé­rente.
On dis­cute beau­coup, donc les choses se sont faites assez natu­rel­le­ment. Même si, au début, quand elle m’a dit “il va fal­loir mettre le réveil” – mon cau­che­mar –, ça a été dur. Alors, on a trou­vé la tech­nique : main­te­nant, Anaïs va visi­ter un peu ou cher­cher le petit déj et elle vient me réveiller quand elle estime qu’il est temps. Je pense qu’on a pris cha­cune l’une de l’autre. Moi, qui avais l’habitude d’être au rythme médi­ter­ra­néen – on se lève tard, on brunche et on sort tard le soir –, je me lève plus tôt. J’ai vrai­ment décou­vert les vacances cultu­relles, où on va au musée, à l’opéra… Je suis assez curieuse, donc je suis sou­vent par­tante pour décou­vrir. Mais, si ça ne me plaît pas, ce sera dif­fi­cile de m’y emme­ner une seconde fois.
Comme ce week-​end où on a dor­mi dans une yourte avec des amis : c’était amu­sant, mais les sani­taires com­muns, ce n’est pas pour moi. Sur le prin­cipe, je ne conçois pas de perdre en confort pen­dant les vacances. Payer pour faire un trou pour faire pipi dans la forêt : non mer­ci ! On tra­vaille toute l’année et, pour moi, les vacances doivent être une petite bulle qui fait rêver. Je crois qu’on a vite com­pris les points sur les­quels on était intran­si­geantes : Anaïs ne me pro­po­se­ra pas de dor­mir sous la tente, et je sais qu’une semaine dans un hôtel à ne rien faire ce serait trop long pour elle. Maintenant, on arrive à mixer les deux, et c’est agréable pour tout le monde. » 

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