Au programme, une histoire horrifique sur la maternité et une série où les femmes prennent le pouvoir dans le milieu de la mafia en Israël.
The Baby
Elles n’ont peur de rien, ces show-runneuses britanniques, et c’est pour ça qu’on les aime ! Qui d’autre qu’elles pour proposer une série à la fois horrifique et burlesque sur la maternité ? Et qui d’autre qu’elles pour adopter sans complexes le point de vue d’une femme qui ne veut pas être mère ? Double transgression dans le petit monde trop souvent formaté de la télé ! De fait, Siân Robins-Grace (coproductrice de Sex Education) et Lucy Gaymer (passée, elle, par Fleabag) n’ont jamais eu froid aux yeux et elles le prouvent une fois encore avec The Baby.
Voyez l’intrigue : Natasha, 38 ans, ne veut pas d’enfant. Elle se désespère de voir ses amies devenir mères (béates) les unes après les autres, lorsqu’un bébé, un soir, lui tombe dans les bras – littéralement (on ne vous dira pas comment…). D’où vient-il ? Que veut-il ? Cette cheffe cuistot londonienne, plutôt du genre fêtarde, n’essaie même pas de se poser la question, elle doit s’en débarrasser ! Sauf que ledit bébé ne veut pas la lâcher. Pire : il va se révéler tyrannique, voire diabolique. Il semblerait même que ceux qui l’approchent finissent par trouver la mort…
Nul besoin d’avoir connu les affres de la maternité pour comprendre l’enjeu métaphorique de cette comédie noire ! Elle est d’autant plus délectable qu’elle joue sans arrêt avec les codes du suspense et de l’épouvante (clins d’oeil assumés à Rosemary’s Baby et La Malédiction, deux classiques du genre). Audace du regard, excellence de l’interprétation : Michelle de Swarte, impeccable dans le rôle de Natasha, a glané le prix d’interprétation féminine en mars au festival Séries Mania. Un heureux événement, pour le coup !
The Baby, de Siân Robins-Grace et Lucy Gaymer. Série de 8 épisodes de 30 min. À partir du 25 avril sur OCS.
Mafia Queens
La collection « Héroïnes en séries » sur Arte.tv regorge chaque mois de pépites inédites. La preuve avec Mafia Queens, série flamboyante ! Ça démarre très fort : tous les hommes Malka, la plus renommée des familles mafieuses d’Israël, sont assassinés sur leur yacht lors d’un enterrement de vie de garçon. Du jour au lendemain, les femmes Malka vont donc devoir apprendre à lutter pour survivre dans l’univers hyper macho de la pègre. Qu’à cela ne tienne : grand-mère, mère, fille, soeur et bru feront tout pour récupérer leurs biens, leur honneur et se venger ! À mille lieues des convulsions opératiques du Parrain, Mafia Queens se présente comme une comédie joyeusement bling-bling, nantie d’héroïnes aussi exubérantes que déterminées. On savoure d’autant mieux la farce que son message est clair : l’union fait la force. Et bim !
Mafia Queens, de Limor Nahmias. Série de 21 épisodes de 60 min. Sur Arte.tv à partir du 20 mai.
Infiniti
Attachez vos ceintures ! Le voyage proposé par cette minisérie est à la fois déroutant, fascinant et puissant. Il est surtout d’une rare ambition pour une création française. Infiniti nous projette en effet dans les steppes du Kazakhstan, autour du cosmodrome déclinant de Baïkonour, mais aussi dans l’espace, à bord d’une station internationale en perdition. Ajoutez à ce cadre bluffant un cadavre décapité recouvert de cire, un flic kazakh obsessionnel et une spationaute française sujette à des hallucinations et vous saisirez la richesse de cette nouvelle aventure. Oscillant entre polar mélancolique et SF cosmique (surtout vers la fin…), ce récit haletant fonctionne d’autant mieux qu’il est porté par une constellation d’acteur·rices magnifiques, dont Céline Sallette, toujours juste et émouvante, et Daniyar Alshinov, parfait en flic désabusé.
Infiniti, de Stéphane Pannetier et Julien Vanlerenberghe. Série de 6 épisodes de 52 min. Sur Canal + et MyCanal.