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© 2022 Netflix, Inc

“Si on parle de ça à Mamie, elle va grim­per aux rideaux” : parents et ados nous racontent l’expérience “Sex Education” en famille

La quatrième et dernière saison de la série est actuellement diffusée sur Netflix. On a demandé à des parents et des ados fans de nous raconter ce que Sex Education leur apporte et les discussions qu’elles provoquent.

Ils et elles regardent ensemble sur le canapé ou chacun·e dans sa chambre, sur son ordinateur ou son smartphone : succès cathodique, Sex Education fédère depuis 2019 parents et ados. La série créée par Laurie Nunn met en scène un groupe de lycéen·nes britanniques déluré·es, réuni·es, dans la première saison, autour d’un jeune puceau, Otis (Asa Butterfield) et de sa mère, sexothérapeute sans filtre (Gillian Anderson).

Est-ce bien de leur âge ? Pour les parents, la question se pose : “Quand j’ai vu la série pour la première fois, je me suis demandé si ma fille Léonie [14 ans à l’époque, ndlr] devait regarder, car c’est très cash,” se souvient Gaëlle, Grenobloise de 56 ans. À Bordeaux, dans une autre famille, Esseline, 15 ans, avait commencé le visionnage en sixième, avec sa mère, avant d’arrêter : “Finalement, elle m’a dit que c’était trop tôt, les premières scènes l’ont choquée.” L’adolescente s’y est remis l’an dernier, elle a tout bingé en classe de troisième et discute de la série avec ses ami·es et sa mère. Il est vrai que Sex Education ne lésine pas sur les scènes d’intimité frontales et met en scène de savoureux moments cringe (gênants) : “À regarder, je trouve ça plutôt comique, mais à vivre, ça doit être affreux !” s’amuse Léonie, la fille de Gaëlle, aujourd’hui âgée de 18 ans. La jeune fille et sa mère regardent toutes les deux depuis la première saison : enthousiastes, elles ont trouvé dans la série un écho à leur vie familiale, qui a vu se succéder le départ du père et l’arrivée au sein du foyer de la fille d’ami·es de la famille, lesbienne. “On avait déjà de la facilité à parler de ces sujets”, reconnaît Léonie. “Mais ça a ouvert une porte,” complète sa mère. Pour d’autres, Sex Education a fluidifié la conversation et dissipé la gêne pour aborder la sexualité en famille : chez Anabel, Parisienne de 52 ans, et ses filles, Sibylle, 21 ans et Tessa, 24 ans “Ça nous a fait parler de nos familles. La série nous renvoie à la situation et aux réactions de chaque génération, y compris des grands-parents : par exemple, si on parle de ça à Mamie, elle va grimper aux rideaux,” s’amuse la mère.

Petit·es et grand·es s’accordent sur les vertus pédagogiques de cette fiction et la diversité des sujets abordés : “La série parle de la sexualité d’un garçon en fauteuil roulant, elle montre plusieurs garçons gays, pas juste un seul, les filles peuvent vouloir être avec un garçon et ensuite avec une fille…”, liste Gaëlle. C’est surtout un ton, celui d’une comédie déculpabilisante qui séduit le jeune public : “J’aime bien le fait d’apprendre des choses de manière simple et rigolote, sans gravité”, commente Sibylle.

Au collège, le tabou de l’homosexualité masculine

Si Léonie avoue ne pas trouver la série réaliste, elle considère son personnage préféré, celui d’Eric (Ncuti Gatwa), jeune gay noir out comme un modèle qu’elle ne retrouve pas parmi ses proches : “J’ai un seul copain gay et qui le dit”, déplore-t-elle. Esseline confirme : “Les garçons gays, c’est très tabou. Dans mon collège, je pense qu’il y en a plusieurs, mais personne n’ose s’assumer. C’est plus facile pour les filles.”

Pour les générations adultes, la série vient combler un manque d’information ancestral, constatent les parents avec une pointe de jalousie : “Moi, j’avais 18 ans en 1986, autant dire qu’aucun des sujets abordés dans la série n’était mentionné à l’école ou avec les copains ! ironise Gaëlle. Je suis de la génération où l’on ne se posait pas la question de son orientation sexuelle : on était hétéro, avec le mariage, le chien et la maison.” Ce fossé entre générations mis à jour par la série est aussi palpable pour Anabel : “Moi, ça m’a fait évoluer. Pour mes filles, tout ce que montre Sex Education est normal, alors que moi, ça me fait réfléchir. Par exemple, la fluidité de genre, le fait de considérer toutes les sexualités à égalité et que ce soit simple à chaque fois, pas hétéronormé comme mes parents. En cinquante ans, on a changé de monde. Leur génération est militante, convaincue et il ne faut pas faire d’impair quand on parle de ces sujets-là.” Selon son âge, chacun·e y trouve son compte et des vertus pédagogiques. “Je n’ai rien appris de nouveau sur la sexualité grâce à la série, remarque Gaëlle, mais j’ai appris des choses sur la jeunesse, ce que c’est avoir 20 ans en 2020 et ça a l’air chouette ! Ce que je trouve fantastique, c’est l’ouverture et l’intelligence. Avant, la différence entre queer ou asexuel, c’était des sujets qu’on n’abordait pas. Un mec habillé en femme en boîte de nuit, c’était forcément un fou furieux.”

La série vient également pallier ales manquements des séances d’éducation sexuelle dispensée en milieu scolaire : “Au collège, en quatrième, on en parle, mais c’est superficiel, juge Esseline. Sex Education parle de beaucoup de sujets tabous qu’on aborde peu au collège. Ce sont des sujets que j’ai l’impression de devoir connaître, mais dont on m’avait rarement parlé, comme le vaginisme ou la première fois qu’on met un tampon. Ou encore, les garçons qui se comparent entre eux.” “En termes de représentation, je n’avais jamais vu une personne non binaire à la télévision. La série parle de clitoris alors qu’à l’école, ça n’existait même pas dans les manuels scolaires,” pointe Sybille. Sa sœur, Tessa, complète : “Le discours de la série est très ouvert et en phase avec tout ce dont on peut parler entre amis et ce qui se passe en ce moment autour de nous.”

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Sex Education, saison 4, disponible sur Netflix.

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