Le must du mois
Homeland, saison 8, d’Alex Gansa et Howard Gordon
Homeland dégaine (enfin) sa huitième et ultime saison à partir du 10 février sur Canal+. Impossible de passer à côté de cette trépidante série d’espionnage ni de sa remarquable héroïne, Carrie Mathison, ex-agent bipolaire de la CIA…
On en est où ? Homeland déploie ses épisodes depuis septembre 2012 en France. Autant dire qu’une petite mise à jour s’impose ! Pour mémoire, la saison 7 s’est achevée (attention spoiler) sur la libération de Carrie après des mois de captivité dans un goulag. Notez qu’en dépit de cette salade russe, l’habile espionne a réglé la dernière crise qui mettait en péril le gouvernement américain. Reste que notre blonde amie démarre la saison 8 en piteux état. Pas de quoi effaroucher Saul, son mentor : l’agent fédéral a besoin d’elle pour désamorcer une situation tendue avec les talibans. Allez hop : il l’envoie en Afghanistan, contre l’avis de ses médecins ! Un retour à Kaboul compliqué pour Carrie (cinq ans après la saison 4, l’une des meilleures), d’autant qu’elle est soupçonnée de travailler pour les Russes…
Pourquoi elle ? Déjà parce que cette série défonce les stéréotypes. Son héroïne, espionne haut de gamme et bipolaire, donc complexe, a bouleversé la représentation des femmes sur les écrans (un grand merci, aussi, à Claire Danes, sa remarquable interprète). Ensuite parce que Homeland (adaptée au départ d’Hatufim, série israélienne) témoigne d’une acuité politique rare, chroniquant presque en live la parano américaine de ces huit dernières années (terrorisme islamiste, montée de la droite dure, fake news, etc.). Même quand la série se trompe (une femme est élue présidente des États-Unis en saison 7…), elle sait rebondir. Là où ça fait mal. C’est sa troisième qualité : une narration au long cours impeccable d’intensité et de profondeur, en dépit de quelques ressorts dramatiques usés. Bref, pour cette huitième et dernière fois… vous vous rendrez sans moufter !
Homeland, saison 8, d’Alex Gansa et Howard Gordon.
Série de 12 épisodes. À partir du 10 février sur Canal+ Séries.
À surveiller
Amour fou, de Mathias Gokalp
Intrigante, troublante, différente : Amour fou est une minisérie française coécrite par la romancière Ingrid Desjours et réalisée par le cinéaste Mathias Gokalp. Situé en Bourgogne, ce thriller domestique raconte la vengeance d’une femme. Une machination qui emprunte un peu à Hitchcock (le suspense, la complexité des personnages féminins, la faiblesse des protagonistes masculins) et pas mal à Patricia Highsmith (la folie froide de ses héros ordinaires, les rapports de domination et l’homosexualité). Autant dire que ça se regarde très bien ! Clotilde Hesme, impeccable en femme vengeresse, et les excellents Jérémie Renier et Finnegan Oldfield n’y sont pas pour rien…
Amour fou, de Mathias Gokalp. Série de 3 épisodes de 52 min, diffusés sur Arte le 20 février à 20 h 55.
En replay
AJ and the Queen, de RuPaul et Michael Patrick King
Les fans de RuPaul’s Drag Race y verront le prolongement de leur programme de téléréalité préféré (également sur Netflix). Les autres en profiteront pour découvrir le charisme scintillant de RuPaul, reine mère des drag-queens américaines et show runner hyper puissante d’AJ and the Queen (avec le créateur de Sex and the City). Une comédie qui raconte, en dix épisodes, les tribulations en camping-car d’une drag-queen déchue (RuPaul, donc), bientôt accompagnée d’une gamine androgyne. Punchlines à gogo, brouillage des genres, messages bienveillants sur l’acceptation de soi : AJ and the Queen a le sens de la formule et de l’image. Bien sûr.
AJ and the Queen, de RuPaul et Michael Patrick King. Série de 10 épisodes diffusés sur Netflix.