Disponible dès ce vendredi 18 septembre sur la plateforme de France.tv, la mini-série Laëtitia (6 épisodes de 45 minutes), s'inspire des travaux de l'historien Ivan Jablonka sur le féminicide de Laëtitia Perrais… Et pose les bonnes questions.
Personne n’a oublié « l’affaire Laëtitia Perrais », du nom de cette jeune serveuse de 18 ans enlevée, violée, étranglée et démembrée, un soir de janvier 2011, dans la région de Pornic, en Loire-Atlantique. L’enquête, aux rebondissements toujours plus glauques, et le procès du meurtrier (Tony Meilhon, multirécidiviste) firent grand bruit à l’époque, bouleversant la France entière. Personne n’a oublié… et surtout pas Jean-Xavier de Lestrade, remarquable cinéaste qui s’est penché à plusieurs reprises sur la mécanique judiciaire dans ses documentaires (Un coupable idéal, oscarisé en 2002) comme dans ses fictions.
On ne s’étonne donc pas de le retrouver aux manettes de Laëtitia, minisérie qui s’inspire de ce féminicide marquant. Certes, le pari est risqué de s’attaquer à une histoire vraie, surtout quand elle est aussi sensible (on pense aux proches de la victime). Sauf que Jean-Xavier de Lestrade et son coscénariste, Antoine Lacomblez, s’appuient sur le livre magistral que l’historien Ivan Jablonka a consacré à cette affaire (Laëtitia ou la fin des hommes, prix Médicis en 2016). Excluant toute forme de spectacle, ils ont choisi de restituer, sobrement, non pas le seul fait divers, mais la vie tout entière de Laëtitia. Jeune fille sage très tôt piégée par la violence des hommes. Née dans une famille chaotique (son père tabassait sa mère et fut condamné pour viol), puis placée à l’âge de 12 ans auprès d’un père d’accueil pervers (également condamné pour viols, notamment sur sa sœur jumelle), elle n’a de fait jamais été protégée ni respectée. Par quiconque.
Voilà ce que raconte cette « fiction », rude, mais irréprochable, qui passe au scanner toutes les institutions (gendarmerie, justice, services sociaux, politiques, médias) et pose les bonnes questions. Elle est d’autant plus recommandable qu’elle est portée par des interprètes étonnants : Marie Colomb est fragile à souhait dans le rôle de Laëtitia, tandis que Noam Morgensztern, sociétaire de la Comédie-Française, est carrément sidérant dans celui de Tony Meilhon.
Laëtitia, de Jean-Xavier de Lestrade. Minisérie de 6 épisodes de 45 min. Diffusée sur France 2 à partir du 21 septembre et dès le 18 septembre sur France.tv