Sans oublier, si vous l'avez manquée, la chouette série documentaire Pom-pom Boys, disponible en replay sur 6play.
Pépite danoise : Elvira
D'abord, il y a la lumière pâle et rude, et puis l’atmosphère, mélancolique à
souhait. Ensuite, la ville, Copenhague, tour à tour exotique, âpre et ordinaire. Enfin, la violence, tapie dans l’ombre, juste derrière les façades, et toujours destructrice. Autant d’indices qui, dès les premiers plans d’Elvira, présagent d’un bon petit polar scandinave classique, combinant comme il se doit suspense pluvieux et critique sociale.
De fait, il y a bien une enquête dans cette nouvelle pépite danoise, mais elle est menée par une héroïne assez inattendue, l’Elvira du titre, et cela change tout… Enfin, pas mal de choses ! Jugez plutôt : réceptionniste dans un hôtel de passe, cette trentenaire introvertie, sans ambitions, qui camoufle ses traumas derrière ses rondeurs, ses doudounes informes et ses écouteurs, voit sa vie bouleversée le jour où l’une des prostituées dudit « hôtel » disparaît. Elle met alors tout en œuvre pour la retrouver. Entraînée dans le monde criminel du trafic d’êtres humains, Elvira va ainsi passer du statut de loseuse à celui de « justicière », peu orthodoxe mais solidaire de toutes les victimes d’une société en perte de repères.
En clair, ces huit épisodes tricotent un récit d’émancipation personnelle, porté par une protagoniste hors norme. D’autant plus attachante qu’elle doit également piloter une escouade de mâles défaits, peu ou prou incapables mais sympathiques (son frère, immature et toxico ; son ami d’enfance, un flic embringué dans une double vie). Certes, cette inversion des codes masculins-féminins caractérise, là encore, nombre de polars nordiques, mais elle ne rend que plus piquante cette Elvira venue du froid.
Elvira, de Lærke Sanderhoff et Heidi Maria Faisst. 8 épisodes de 52 minutes, à découvrir sur Polar+ (et myCanal) à partir du 5 février.
Hyper quali : Cœurs noirs
Une série d’action, qui se déroule en Irak en 2016 et qui a pour protagonistes un groupe des Forces spéciales françaises chargé d’exfiltrer la fille et le petit-fils d’un émir français de Daech ? Houlà, on part sceptique ! À tort, pourtant… Car Cœurs noirs, réalisé par l’excellent Ziad Doueiri (L’Attentat, L’Insulte, Baron noir), n’a pas grand-chose à voir avec le manichéisme viriliste de Rambo ! Mieux encore, on se laisse prendre par sa mise en scène nerveuse mais sans tapage, puis par le déploiement intelligent des enjeux historiques, politiques et humains de son récit, ou encore par le charisme de ses interprètes (Nicolas Duvauchelle, Tewfik Jallab, Nina Meurisse, entre autres)… avant de se faire surprendre par le statut et la complexité inhabituelle de ses personnages féminins (pour une série d’action française, en tout cas)!
Cœurs noirs, de Ziad Doueiri. 6 épisodes de 1 heure, à découvrir sur Prime Video à partir du 3 février.
En replay : Pom-Pom Boys
Casser les stéréotypes, c’est bien, mais les déconstruire en s’amusant, c’est encore mieux ! De fait, l’aventure des Scrimmage People, première équipe de cheerleaders masculins de France, fait drôlement plaisir à voir. Suivis sur une saison par le documentariste Pierre Chassagneux, ces joyeux pom-pom boys, mascottes de l’équipe féminine de roller derby de Lille, réjouissent par leur diversité, leur engagement et leur bonne humeur ! Leurs performances en mini-shorts et pompons – qu’ils soient informaticiens ou éducateurs, gays ou hétéros, mariés ou célibataires, sportifs ou pas –, racontent autant un goût partagé pour le show (et le disco queer) qu’une nouvelle manière d’exister en tant qu’homme(s). Un défi de taille dans certains stades peu enclins à l’inclusion, mais qu’ils relèvent haut la jambe !
Pomp-Pom Boys, de Pierre Chassagneux. 4 épisodes de 30 minutes, à retrouver sur 6play.