Syrienne, mexicaine, russe, indienne, égyptienne… Cinq dessinatrices brillantes racontent les travers de leur pays et leur volonté de dessiner pour résister, dans la série documentaire Arte du même nom.
Elles viennent d’horizons si lointains et nous paraissent pourtant si proches. Aux quatre coins du monde, six réalisatrices nous plongent dans l’univers de cinq dessinatrices pleines de courage, qui affrontent, avec leurs crayons, les dangers, les peurs et les injustices rencontrés dans leur pays. Disponible le 6 mars prochain sur Arte.tv, la série documentaire Dessiner pour résister, fascinante de bout en bout, nous fait voyager avec ses protagonistes du Mexique à l’Inde, en passant par l’Égypte, la Syrie et la Russie.
Cette production Clin d’œil films, qu’on doit à la productrice Hanne Phlypo, nous immerge dans le monde du dessin de presse, avec des épisodes d’une cinquantaine de minutes qui semblent n’en durer que dix. Les réalisatrices, elles-mêmes originaires des pays représentés, nous rapprochent de réalités lointaines mais dures, dans des pays parfois marqués par les guerres et parfois fanés par la censure. Mais elles apportent un message optimiste, d’espoir et d’entraide, incarné par des femmes aux parcours si différents et pourtant si similaires. Puisant dans les racines du désir de dessiner de ces femmes, chaque épisode est construit en mêlant avec ingéniosité images documentaires, illustrations et dessins.
Récits authentiques
Le·a spectateur·rice se déplace à la rencontre de ces femmes aux histoires bouleversantes, dans leur chez-elle, sur leur lieu de travail, dans leur maison familiale, là où elles ont leurs habitudes. La Syrie, on la découvre du point de vue d’Amany Al-Ali, la première dessinatrice de presse femme d’Idlib, ville touchée par les raids aériens et marquée par les traumatismes. Mar Maremoto, artiste queer aux œuvres traversées par les émotions, dessine son combat pour ne pas se conformer aux normes sociétales et raconte sa lutte contre le machisme dans un Mexique où environ dix féminicides ont lieu chaque jour. La Russe Victoria Lomasko cherche le point de rencontre entre les violences domestiques et les violences étatiques en documentant, au crayon noir, la Russie de Poutine.
Peut-être avez-vous déjà entendu parler des “sanitary panels”, ces petits bonhommes allumettes à la tête de ballons incarnés dans des petites BD. Un épisode est consacré à leur créatrice, la talentueuse Rachita Taneja, qui a été attaquée en justice pour ses courageuses prises de position féministes et sociopolitiques dans un contexte de censure en Inde. De son côté, la très célèbre dessinatrice de presse du monde arabe Doaa El-Adl s’attaque aux normes patriarcales égyptiennes, lui valant des vagues de harcèlement, voire des menaces de mort. Pour notre plus grand bonheur, il semblerait qu’un sixième épisode soit actuellement en tournage aux États-Unis auprès d’une caricaturiste du Washington Post… On a hâte de le découvrir.
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