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Marie Rémond joue le rôle d'Hélène dans "Tout va bien Mademoiselle". @giovannicittadinicesi

Théâtre : deux des­tins de femmes à voir en ce moment sur scène

Causette vous recom­mande Chambre 2, au théâtre de la Reine Blanche et Tout va bien Mademoiselle, au théâtre du Rond Point. Les deux pièces se donnent à Paris en ce moment puis pour quelques dates en région.

Chambre 2
copyright huma rosentalski 2
Anne le Guernec joue une auxi­liaire de pué­ri­cul­ture au bout du rou­leau dans "Chambre 2". Copyright Huma Rosentalski

Décidément, Chambre 2, le pre­mier ouvrage très remar­qué de Julie Bonnie paru en 2013 connaît un des­tin mul­tiple. Après avoir rem­por­té le prix du roman Fnac à sa sor­tie, il a été adap­té pour le ciné­ma par Marion Laine en 2020 sous le titre Voir le jour. Une très sen­sible mise en image avec Sandrine Bonnaire dans le rôle prin­ci­pal. Le voi­là qui connait une troi­sième vie au théâtre. Il faut dire que ce texte, paru il y a huit ans déjà, résonne plus que jamais avec l’actualité puisqu’il raconte le quo­ti­dien d’une auxi­liaire de pué­ri­cul­ture à bout de souffle dans un hôpi­tal lui-​même mal en point. Très ins­pi­ré par l’histoire per­son­nelle de l’autrice qui a tra­vaillé pen­dant 10 ans dans une mater­ni­té avant de tout quit­ter pour se mettre à l’écriture, ce texte aus­si poli­tique qu’intime, raconte à la fois les pro­blé­ma­tiques de l’hôpital public et le grand huit émo­tion­nel que tra­versent les femmes qui accouchent et deviennent mères. Passant de chambre en chambre, Béatrice, l’héroïne de ce texte – ici incar­née par la comé­dienne Anne Le Guernec, très habi­tée -, entend les his­toires des femmes. Celles qui souffrent, celles qui assurent, celles qui paniquent, celles qu’on n’avait pas pré­ve­nues, celles qui pleurent, celles qui planent de joie, celles qui sont empor­tées par le tsu­na­mi au point de n’en pas reve­nir. Face à ça, face à cette intense et fra­gile huma­ni­té, Béatrice manque de temps. Alors que le temps, c’est tout sauf de l’argent… Une situa­tion inte­nable qui petit à petit la broie. Au fil de ces ren­contres, Béatrice remonte, elle aus­si le cours de sa vie. Sa vie d’avant. Quand elle-​même deve­nait mère… Ou quand elle dan­sait nue dans les clubs. Là encore il y a du vrai à peine fic­tion­né. Car Julie Bonnie a eu mille vies. Et dans sa toute pre­mière exis­tence, elle a été chan­teuse dans un groupe de rock qui a connu un cer­tain suc­cès : Cornu. Soignants, soi­gnantes (et tous·tes les autres aus­si !), allez voir Chambre 2. Vous vous sen­ti­rez sans doute un peu moins seul.es.

Chambre 2, mise en scène Catherine Vrignaud Cohen, théâtre de la Reine Blanche, à Paris jusqu’au 15 jan­vier les mar­di, jeu­di et same­di à 21h. Puis les 11 et 12 mars à Plaisir (78) et le 22 mars à Meudon (92).

Tout va bien Mademoiselle

Là encore, le théâtre porte à la scène l’histoire vraie et abso­lu­ment rocam­bo­lesque d’une femme éton­nante : Hélène. Les fans de pod­cast ont peut-​être déjà enten­du son récit dans celui de Julien Cernobori Superhéros pour lequel le jour­na­liste tend le micro à des héros et héroïnes du quo­ti­dien. Le tout pre­mier épi­sode était consa­cré à Hélène. Cette bat­tante, incar­na­tion vivante du concept de rési­lience, y racon­tait com­ment un sta­phy­lo­coque attra­pé à l’âge de 5 ans avait bou­le­ver­sé son exis­tence toute entière mar­quée à par­tir de là par la mala­die. Plusieurs greffes de reins, un infarc­tus, de mul­tiples com­pli­ca­tions et fina­le­ment la dia­lyse, pro­ba­ble­ment à vie. A lire ces lignes, vous allez peut-​être prendre peur. Vous auriez tort tant Hélène res­pire la joie d’exister mal­gré tout. Son élan vital est stu­pé­fiant, son humour dans l’adversité bou­le­ver­sant. Se mêlent à ce récit un secret de famille, le por­trait d’une mère désar­mante et sur­tout la célé­bra­tion des rap­ports humains, en par­ti­cu­lier de l’amitié. Là où l’histoire devient vrai­ment belle c’est quand on prend conscience qu’Hélène Ducharne est depuis des années l’attachée de presse du théâtre du Rond-​Point, à Paris. Celui-​là même où Marie Rémond joue actuel­le­ment cette pièce. La boucle est bouclée !

On le savait, Marie Rémond une excel­lente comé­dienne. Elle s’était faite connaitre en 2015 dans André, spec­tacle dans lequel elle inter­pré­tait le joueur le ten­nis André Agassi d’après son témoi­gnage auto­bio­gra­phique Open. Elle a, depuis, mon­té, joué, mis en scène de nom­breuses pièces toutes de grande qua­li­té (Vers Wanda, autour de la réa­li­sa­trice d’un seul et unique film Barbara Loden ; Comme une pierre qui.. sur Bob Dylan). C’est encore le cas cette fois-​ci. Seule sur scène elle met toute son éner­gie à rendre hom­mage à cette femme lit­té­ra­le­ment extra­or­di­naire qu’est Hélène Ducharne. On lui en sait gré tant elle le mérite. En ces temps trou­blés par la moro­si­té et la mala­die, entendre sa force vitale est d’utilité publique.

Tout va bien made­moi­selle, de Julien Cernobori et Hélène Ducharne, adap­ta­tion et mise en scène Christophe Garcia et Marie Rémond, au théâtre du Rond Point jusqu’au 19 décembre. Du 18 au 21 jan­vier à La Comédie de Reims et du 22 au 26 février aux Bernardins à Marseille.

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