Ce mois-ci, prenez-en plein les oreilles avec Woodkid, Clou et Sufjan Stevans.
« S16 », de Woodkid
![La sélection octobre 2020 1 s16 album artwork 26.06.2020](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/10/s16_album_artwork_26.06.2020-1024x1024.jpg)
Cinq ans après un retentissant premier album (The Golden Age), Yoann Lemoine aka Woodkid poursuit son étude de l’équilibre des forces entre le déchaînement titanesque des machines et la vulnérabilité des émotions humaines. Avec son nouvel album, S16, référence au symbole chimique du soufre, le musicien (il est aussi réalisateur et graphiste) atteint le point de fusion entre sensibilité et démonstration. Ses questionnements intimes et politiques le conduisent à bâtir des cathédrales où se mêlent l’organique (le chœur d’enfants du Suginami Junior Chorus de Tokyo) et le mécanique (les sculptures sonores de Jean Tinguely). Les symphonies de poche de l’architecte Woodkid sont des tentatives d’organiser le chaos du monde avec la démesure de Goliath et l’ingéniosité de David. Un beau combat dont il sort gagnant. J.B
« Orages » de Clou
![La sélection octobre 2020 2 115 Clou © Tot ou Tard](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/10/115-Clou-©-Tot-ou-Tard-698x1024.jpg)
Orages, de Clou. Tôt ou tard.
La première fois que la voix gracile de Clou est arrivée à nos oreilles, c’était en 2018 avec sa reprise des Gauloises bleues sur une compilation hommage à Yves Simon : Génération(s) éperdue(s). Plongée immédiate. Depuis, la chanteuse a pris le temps de chiader son bijou personnel et débarque avec un premier album, Orages, qui tutoie la perfection. Onze chansons comme autant de diamants bruts sur lesquels Clou fait virevolter sa voix de rossignol dans des aigus rayonnants et balade des textes aussi mélancoliques qu’existentiels. La difficulté de tenir debout, d’avancer, ou l’overdose inspirée par les donneurs de leçon se chantent sur des airs chaloupés, quand le spleen adolescent se fredonne en piano-voix rattrapé par des violons attrape-cœurs. Éloge de la colère sur l’entêtant Rouge, plongée en douloureuse perversion sur Narcisse, rêve d’amours « nouvelle vague » et de vie en super-huit sur la vintage Comme au cinéma, et tribulations sonores quasi chamaniques sur l’envoûtante Tempête. Arrangé par le magicien Dan Levy (The DØ), Orages devrait électriser votre automne musical. Et Clou, fille cachée de Kate Bush et de Paul Simon, accompagner vos soirées écourtées. S.G
« The ascension » de Sufjan Stevens
![La sélection octobre 2020 3 115 SUFJAN STEVENS THE ASCENSION © Modulor Records 1](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/10/115-SUFJAN-STEVENS-THE-ASCENSION-©-Modulor-Records-1-1024x1024.jpg)
The Ascension, de Sufjan Stevens.
Asthmatic Kitty/Modulor Records.
Il y a cinq ans, Sufjan Stevens, auteur, compositeur et multi-instrumentiste originaire de Détroit (Michigan) nous avait subjugué·es avec Carrie & Lowell. Un disque folk, intime, résilient, dans lequel il faisait le deuil de ses parents. Comme pour chacun de ses albums précédents, le prodige prolifique avait laissé de côté plusieurs ébauches de chansons. L’aspect prémonitoire de l’une d’entre elles, America, véritable réquisitoire contre le monde qui s’écroule, l’a surpris. En la réenregistrant seul en studio, sur ses ordinateurs, ses boîtes à rythmes et ses synthétiseurs, il a su trouver la teinte de The Ascension, ce huitième album, entièrement électronique, qui tranche avec son univers habituel. Entre mélancolie et colère, sa voix fluette se pose cette fois sur des rythmes saccadés et des atmosphères aussi planantes que futuristes. Chaque chanson, comme autant de boussoles pour nous en échapper, nous invite à interroger le monde. Et à entamer une révolution personnelle. C.K