Pour ses 20 ans, Rock en Seine s'est offert une première soirée exclusivement féminine, composée de six artistes confirmées et montantes, dont la sensation américaine Billie Eilish. Un premier sans-faute pour cette nouvelle édition.
Sous un soleil de plomb, parfois traversé de gouttes de pluie, la chanteuse suédoise Tove Lo, habillée de cuir et de strass, électrise les milliers de festivalier·ères de Rock en Seine. Le festival débute à peine, mais ses chansons pop dansantes ultra-efficaces (Cool Girl, Disco Tits, Stay High, No One Dies From Love...) font monter la pression au Domaine National de Saint-Cloud. Pour ses 20 ans, Rock en Seine s'offre une première soirée exclusivement féminine, composée de six artistes confirmées et montantes, dont la sensation américaine Billie Eilish. Plus globalement, sur ses quatre jours d'activité, le festival atteint même la parité.
Avant Tove Lo, sur la Grande Scène, c'est la Française Lucie Antunes qui a ouvert le bal, avec ses morceaux électroniques savants, composés de multiples boucles de sons entremêlées. La révélation anglaise de TikTok Mae Stephens a, de son côté, pris le relais sur la Scène Firestone, réservée aux plus jeunes musicien·nes, enchantant le public avec sa pop sucrée et entêtante. L'ambiance est détendue, fun et bon enfant. Les spectateur·trices rivalisent d'audace vestimentaire : on croise même un couple habillé en fluo de la tête au pied, immitant Margot Robbie et Ryan Gosling dans le film Barbie.
Malgré le début du coucher de soleil, la chaleur monte d'un cran, avec l'arrivée sur la Grande Scène de Girl in Red. Même fiévreuse, comme elle le répète plusieurs fois pendant son concert, la Norvégienne délivre un set énergique, entre rock et folk, traversé par des pépites (I'll Call You Mine, Midnight Call) que ses fans reprennent en cœur. La jeune femme s'offre même un slam, en se jetant dans le public.
« Libres, admirables et naturelles »
Jordan, 31 ans, qui danse comme si sa vie en dépendait sur Girl in Red, apprécie qu'une journée soit dédiée à la création musicale féminine. S'il estime que de plus en plus de femmes sont présentes au sein du monde de la musique, on ne les voit cependant pas assez à son goût. « J'aime aussi que des artistes de la communauté LGBT+ comme Tove Lo (ouvertement bisexuelle, ndlr) et Girl in Red (ouvertement lesbienne, ndlr) soient présentes et deviennent aussi massives. C'est important, pour la représentation, d'avoir des textes qui résonnent chez les jeunes générations », ajoute-t-il.
« Ça change de voir une affiche 100% féminine », abonde, quelques mètres plus loin, Justine, 28 ans. « On ne va pas se mentir, ce n'est jamais une mauvaise chose qu'il y ait un monopole des femmes. Surtout quand elles sont aussi libres, admirables et naturelles. Elles n'incarnent pas un personnage, elles sont elles-mêmes sur scène », poursuit-elle. Elle attend avec impatience Billie Eilish : « Je trouve qu'elle représente une frange moderne dans le féminisme, et ses musiques me transportent. C'est chouette d'avoir une personnalité aussi différente en tête d'affiche. »
Quand l'Américaine de 21 ans débarque sur scène, la nuit est tombée. Mais l'ambiance n'en est que plus folle. Les milliers de fans présent·es dansent, sautent et crient chaque mot de son répertoire. Pas le moins du monde impressionnée par cette immense foule, Billie Eilish maîtrise à la perfection l'art de la scène et enchaîne sans interruption les titres, manquant parfois légèrement d'interaction avec le public. Elle se rattrape heureusement avec la partie acoustique de son concert. Accompagnée de son frère Finneas à la guitare, la jeune femme montre l'étendue de sa voix, faisant taire les dernières critiques qui doutaient encore de ses capacités vocales. D'Ocean Eyes à when the party's over, en passant par everything i wanted, bad guy et Happier Than Ever, on ne peut qu'être impressionné par le nombre de tubes qu'elle collectionne, du haut de son jeune âge. S'il aurait été risqué de mettre une chanteuse comme Billie Eilish en tête d'affiche d'un festival il y a quelques années, les temps ont changé, pour le meilleur. Et Rock en Seine prouve qu'il en a encore dans le ventre, malgré ses 20 ans, avec cette programmation moderne, pointue et terriblement progressiste.
