Petite sélection musicale pour réchauffer cette fin du mois de novembre.
![Dans nos oreilles : Priya Ragu, Teke::Teke et Daptone Records 1 128 Priya Ragu © James Lane](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/11/128-Priya-Ragu-©-James-Lane-683x1024.jpg)
Priya Ragu, l’étoile du R’n’B cosmo
Il y a encore quelques mois, Priya Ragu travaillait pour la compagnie aérienne Swiss comme responsable des achats des composants. Née en 1981, à Saint-Gall, en Suisse, de parents réfugiés tamouls, la Sri-Lankaise n’imaginait pas qu’un jour sa musique voyagerait aussi loin que les long-courriers de son employeur. Enfant, son père l’enrôle dans son groupe traditionnel. Elle doit écouter Lauryn Hill et Alicia Keys en cachette. Il lui faudra de nombreuses années avant de s’autoriser à croire en son destin d’artiste. Épaulée par son grand frère, elle façonne son propre style musical. Un R’n’B cosmopolite qui fusionne électro-pop, soul, rap, tablas et percussions sri-lankaises. Priya Ragu ne choisit pas entre ses origines et la culture occidentale. Elle prend le meilleur des deux pour agencer une musique positive, joyeuse et vibrante. Elle chante d’une voix douce l’amour sans mièvrerie, raconte le destin des femmes indiennes dans une société patriarcale (Kamali, inspiré par le court-métrage du même nom sur le destin d’une jeune skateboardeuse). Ses premiers singles sont rassemblés sur une première « mixtape » intitulée Damnshestamil. Un décollage à 35 ans aussi tardif qu’irrésistible. J.B.
Damnshestamil, de Priya Ragu (WEA/Warner). En concert le 3 décembre aux Trans Musicales de Rennes (35).
Teke::Teke, riffs punks sauce nipponne
Le meilleur moyen de conserver le patrimoine est encore de le dynamiter pour mieux le ressusciter, à la manière de ces temples shintoïstes au Japon qui sont détruits et reconstruits à l’identique tous les vingt ans. Créé pour rendre hommage au guitariste Takeshi Terauchi, as de la surf music sur l’archipel nippon dans les années 1970, le septet montréalais Teke::Teke a ajouté dans sa marmite surf rock une louche de psychédélisme, une dose de tradition, des étincelles punk, des zestes noise, des éclairs de flûte, des orchestrations… Ce bouillon de culture épicé, absolument unique et très cinématographique (la future BO de Kill Bill 3 ?), est servi par une chanteuse très expressionniste. Le premier album, Shirushi, est une formidable réussite qui séduira les oreilles curieuses et les corps impatients. J. B.
Shirushi, de Teke::Teke (Kill The Rock stars). En concert le 4 décembre aux Trans Musicales de Rennes (35).
Daptone Records, l'âme de la soul
À l’origine, il y a la passion d’un groupe de jeunes musiciens new-yorkais pour la musique soul. En 2001, ils fondent le label Daptone Records, puis leur propre studio d’enregistrement, la House of Soul, créant l’outil qui va leur permettre de peaufiner un son authentique, contemporain, tout en respectant les codes historiques du genre. Les premières signatures maison, Sharon Jones ou Charles Bradley, connaissent rapidement le succès. Le son Daptone s’impose. Une success-story qui permet aux Dap-Kings, les musiciens maison du label, de participer à l’enregistrement de Back to Black, d’Amy Winehouse, disque culte de la nouvelle scène soul.
Les vingt ans de cette belle histoire sont célébrés avec strass et paillettes dans The Daptone Super Soul Revue, enregistré lors de trois soirées mémorables organisées à l’Apollo Theater en 2014. Dans ce lieu mythique de la culture afro-américaine, les performances des regrettés Sharon Jones ou Charles Bradley, mais aussi celles de Naomie Shelton, du Budos Band ou de Saun & Starr sont autant de témoignages discographiques brûlants à l’image d’un label définitivement installé comme digne héritier de la grande famille soul. C.K.
The Daptone Super Soul Revue-Live ! At the Apollo. Daptone Records/Modulor.