Dans nos oreilles : Priya Ragu, Teke::Teke et Daptone Records

Petite sélec­tion musi­cale pour réchauf­fer cette fin du mois de novembre.

128 Priya Ragu © James Lane
© James Lane

Priya Ragu, l’étoile du R’n’B cosmo

Il y a encore quelques mois, Priya Ragu tra­vaillait pour la com­pa­gnie aérienne Swiss comme res­pon­sable des achats des com­po­sants. Née en 1981, à Saint-​Gall, en Suisse, de parents réfu­giés tamouls, la Sri-​Lankaise n’imaginait pas qu’un jour sa musique voya­ge­rait aus­si loin que les long-​courriers de son employeur. Enfant, son père l’enrôle dans son groupe tra­di­tion­nel. Elle doit écou­ter Lauryn Hill et Alicia Keys en cachette. Il lui fau­dra de nom­breuses années avant de s’autoriser à croire en son des­tin d’artiste. Épaulée par son grand frère, elle façonne son propre style musi­cal. Un R’n’B cos­mo­po­lite qui fusionne électro-​pop, soul, rap, tablas et per­cus­sions sri-​lankaises. Priya Ragu ne choi­sit pas entre ses ori­gines et la culture occi­den­tale. Elle prend le meilleur des deux pour agen­cer une musique posi­tive, joyeuse et vibrante. Elle chante d’une voix douce l’amour sans miè­vre­rie, raconte le des­tin des femmes indiennes dans une socié­té patriar­cale (Kamali, ins­pi­ré par le court-​métrage du même nom sur le des­tin d’une jeune ska­te­boar­deuse). Ses pre­miers singles sont ras­sem­blés sur une pre­mière « mix­tape » inti­tu­lée Damnshestamil. Un décol­lage à 35 ans aus­si tar­dif ­qu’irrésistible. J.B.

Damnshestamil, de Priya Ragu (WEA/​Warner). En concert le 3 décembre aux Trans Musicales de Rennes (35).

Teke::Teke, riffs punks sauce nipponne

Le meilleur moyen de conser­ver le patri­moine est encore de le dyna­mi­ter pour mieux le res­sus­ci­ter, à la manière de ces temples shin­toïstes au Japon qui sont détruits et recons­truits à l’identique tous les vingt ans. Créé pour rendre hom­mage au gui­ta­riste Takeshi Terauchi, as de la surf music sur l’archipel nip­pon dans les années 1970, le sep­tet mont­réa­lais Teke::Teke a ajou­té dans sa mar­mite surf rock une louche de psy­ché­dé­lisme, une dose de tra­di­tion, des étin­celles punk, des zestes noise, des éclairs de flûte, des orches­tra­tions… Ce bouillon de culture épi­cé, abso­lu­ment unique et très ciné­ma­to­gra­phique (la future BO de Kill Bill 3 ?), est ser­vi par une chan­teuse très expres­sion­niste. Le pre­mier album, Shirushi, est une for­mi­dable réus­site qui sédui­ra les oreilles curieuses et les corps impa­tients. J. B.

Shirushi, de Teke::Teke (Kill The Rock stars). En concert le 4 décembre aux Trans Musicales de Rennes (35).

Daptone Records, l'âme de la soul

À l’origine, il y a la pas­sion d’un groupe de jeunes musi­ciens new-​yorkais pour la musique soul. En 2001, ils fondent le label Daptone Records, puis leur propre stu­dio d’enregistrement, la House of Soul, créant l’outil qui va leur per­mettre de peau­fi­ner un son authen­tique, contem­po­rain, tout en res­pec­tant les codes his­to­riques du genre. Les pre­mières signa­tures mai­son, Sharon Jones ou Charles Bradley, connaissent rapi­de­ment le suc­cès. Le son Daptone s’impose. Une success-​story qui per­met aux Dap-​Kings, les musi­ciens mai­son du label, de par­ti­ci­per à l’enregistrement de Back to Black, d’Amy Winehouse, disque culte de la nou­velle scène soul. 

Les vingt ans de cette belle his­toire sont célé­brés avec strass et paillettes dans The Daptone Super Soul Revue, enre­gis­tré lors de trois soi­rées mémo­rables orga­ni­sées à l’Apollo Theater en 2014. Dans ce lieu mythique de la culture afro-​américaine, les ­per­for­mances des regret­tés Sharon Jones ou Charles Bradley, mais aus­si celles de Naomie Shelton, du Budos Band ou de Saun & Starr sont autant de témoi­gnages dis­co­gra­phiques brû­lants à l’image d’un label défi­ni­ti­ve­ment ins­tal­lé comme digne héri­tier de la grande famille soul. C.K.

The Daptone Super Soul Revue-​Live ! At the Apollo. Daptone Records/​Modulor.

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