En 1943, Wonder Woman affronte pour la première fois son ennemi juré, le pot de colle qui se pointera à chacune de ses aventures : Dr Psycho, petite teigne aux cheveux mi-longs et aux yeux révulsés. Portrait de cette pile électrique de misogynie.
![Wonder Woman : l'imbuvable Dr Psycho, vilain misogyne 1 doctorpsycho cmjn ok a](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/12/doctorpsycho-cmjn-ok-a-1024x1024.jpg)
Alors qu’il a la vingtaine, l’étudiant en médecine Edgar Cizko, futur Dr Psycho, est la risée de toute son université. En prime, sa fiancée, Marva, est amoureuse d’un autre, un sportif musclé au sourire Ultra brite, Ben Bradley, qui veut l’éliminer du tableau pour vivre officiellement son idylle avec sa belle. Pour se débarrasser du fiancé, petit mais encombrant, Bradley vole 125 000 dollars de radium dans le labo de la fac, déguisé en Cizko. Objectif : que Marva croit que son fiancé est un criminel et qu’il pourrisse en prison. Et ça marche, elle témoigne contre lui auprès de la police. Derrière les barreaux pendant des années, ruminant son plan de vengeance, le super-méchant apprend l’hypnose et la télépathie en torturant divers cobayes humains, dont son ex-compagne. Le zinzin a tout du incel, ou célibataire involontaire en français, qui se planque derrière des théories masculinistes fumeuses pour soigner sa frustration de ne pas séduire. La première mission de Psycho : écarter les femmes de l’effort de guerre alors que celles-ci charbonnent en usine et assurent l’arrière. Alors que Wonder Woman incarne la puissance féminine dans toute sa splendeur, elle devient sa Némésis.
Pour imaginer cet adversaire puant, William Moulton Marston, le psy créateur de Diana Prince dans les années 1940, s’inspire d’abord de son tuteur de premier cycle, Hugo Münsterberg. Opposé aux revendications des suffragettes qui demandaient le droit de vote, ce grand ponte de la psychologie, encore cité de nos jours, a théorisé, entre autres, le fait que les femmes ne pouvaient pas faire d’études supérieures. Pour le physique, Marston s’appuie sur l’acteur star de l’époque, Lon Chaney ou « l’homme aux mille visages », génie du maquillage et de l’interprétation de personnages torturés. Aujourd’hui, pour dénicher un modèle, Marston n’aurait eu qu’à faire un petit tour sur n’importe quel forum de masculinistes qui affrontent, unis, « la crise de la masculinité ».