L’autrice de La Sixième, de Premier amour, dernier amour et de Terminale ! Tout le monde descend, star de la littérature jeunesse, qui a enchanté des générations de petit·es lecteur·rices, nous a reçues chez sa fille, à Paris, pour revenir sur sa vie haute en couleur, qu’elle raconte dans Mes 18 exils.

Quand on sonne à la porte de l’appartement où elle reçoit Causette, il est 13 h 30 et Susie Morgenstern termine à peine de déjeuner en famille. Entourée de sa fille, de son gendre et de son petit-fils, elle semble dans son élément. « Bonsoir ! Enfin non, bonjour, je ne sais plus bien où j’en suis », lance-t-elle en se levant de table. Tout y est : les célèbres lunettes roses en forme de cœur, l’accent américain, le sourire, large et chaleureux. Un sautoir à paillettes et des collants rose bonbon – « que je vais quitter dès que vous partirez » –viennent relever l’ensemble robe et veste noires du jour et nous rappeler l’excentricité du personnage.
Si elle a quitté sa maison de Nice, dans les Alpes-Maritimes, pour l’appartement parisien d’Aliyah, sa fille aînée, c’est pour parler d’elle. Une fois n’est pas coutume, celle que l’on surnomme « la papesse du livre jeunesse » n’est pas là pour évoquer l’un de ses cent cinquante romans pour enfants et adolescent·es, mais pour la sortie de Mes 18 exils. Une autobiographie où les différentes ruptures qui ont marqué sa vie s’organisent en chapitres. De sa naissance en 1945 à Newark, petite ville du New Jersey, au dernier exil qui viendra inexorablement : la mort. L’idée lui est venue lors d’un cours sur les ateliers d’écriture. « On nous a demandé de travailler sur ce mot : exil. Tout de suite, s’est imposée à moi une liste de moments de ma vie qui y faisaient écho. Pour moi, cela signifie le changement. C’est changer de peau comme un serpent, un lézard. C’est muer », explique-t-elle dans ce français imparfait qui fait son charme, mais qu’elle s’étonne de ne toujours pas maîtriser, cinquante-quatre ans après avoir quitté son Amérique natale.
De Gaulle et Chanel N° 5
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