Chaque mois, un auteur, une autrice, que Causette aime, nous confie l’un de ses coups de cœur littéraires.
![Le conseil de lecture de Martin Winckler : «Un si joli petit livre», de Claude Pujade-Renaud 1 109 Martin Winckler © BALTELSIPA](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/02/109-Martin-Winckler-©-BALTELSIPA-687x1024.jpg)
La première fois que j’ai parlé à Claude Pujade-Renaud, c’était au téléphone. J’avais envoyé une nouvelle à Nouvelles Nouvelles, la revue qu’elle dirigeait avec Daniel Zimmermann. Elle m’avait renvoyé mon texte avec une lettre un peu évasive me demandant de la… retravailler.
On était en 1986. J’étais rédacteur dans une revue médicale à l’époque et je savais ce que travailler un texte voulait dire, mais quand j’avais affaire à mon rédac chef, il me disait ce qui clochait dans mon texte. La lettre de Claude, en revanche, ne me disait rien de tel. D’où mon coup de fil.
Claude me répondit avec gentillesse et – parce que j’insistais – avec précision : il y avait deux pages au milieu de la nouvelle qui n’avaient rien à y faire. Elle me suggérait, délicatement, de les retirer et de traiter du personnage qui s’y trouvait « encrypté » dans un autre texte. Elle marchait sur des œufs, de peur que je ne le prenne mal.
Elle est comme ça, Claude. Modeste, délicate, attentive, respectueuse. Et ses livres le sont aussi. Alors que son œuvre est impressionnante : près de trente livres entre 1978 et 2016 – romans, nouvelles, poésie, mais aussi livres pédagogiques, textes de fiction pour adultes et adolescents et récits autobiographiques, dont certains en collaboration avec Daniel Zimmermann. Une œuvre considérable par son ampleur et sa diversité. Et tout ça, pendant et après avoir été danseuse et enseigné danse et expression corporelle à l’université.
Quand j’ai quitté la France pour m’installer à Montréal [au Canada, ndlr], j’ai emporté presque tous mes livres. Il y a quelques mois, j’ai déménagé d’un logement à un autre, plus petit, et j’ai dû me défaire de beaucoup de volumes, faute de place. J’ai gardé tous les livres de Claude. Je n’ai qu’à me tourner, ils sont sur une étagère derrière moi, je pourrais parmi eux en choisir beaucoup qui m’ont touché plus que les autres : La Ventriloque (éd. Des Femmes), qui m’a parlé d’avortement mieux que quiconque ; Belle-Mère (éd. Actes Sud), qui a reçu le Goncourt des lycéens ; Le Sas de l’absence, dans lequel elle parle de sa mère… Mais mon préféré est un de ses nombreux recueils de nouvelles – c’est une grande nouvelliste –, un de ces recueils qu’on lit et qu’on relit, et qu’on savoure à chaque lecture comme si c’était la deuxième fois. Pas la première, celle de la surprise, mais la deuxième, celle de « J’en veux encore ». Il s’intitule Un si joli petit livre. Et c’est un délice.
Un si joli petit livre, de Claude Pujade-Renaud. Éd. Actes Sud, 192 pages, 6,60 euros.
En librairie · C’est mon corps
On en rêvait, Martin Winckler l’a fait. Un livre de référence sur le corps féminin, version 0 % de stéréotypes. Comme quoi, c’était possible. Médecin, écrivain et youtubeur, Martin Winckler a consacré sa vie à soigner les femmes et à les écouter. Pour lui, elles sont à la fois les premières à consulter des médecins et à essuyer leur mépris. Dans ce livre, il cherche à répondre aux innombrables questions qu’elles se posent aux différents moments de leur existence. Faut-il se méfier de la pilule ? Est-il normal de souffrir pendant un rapport sexuel ? Quels sont les risques et avantages de devenir mère après 40 ans ? Faut-il allaiter ? Quels symptômes accompagnent la ménopause ? Dédié à la première victime d’erreur médicale que Martin Winckler a rencontrée, lorsqu’il n’avait que 22 ans, truffé d’anecdotes personnelles, de cas éclairants et d’explications anatomiques, ce livre apporte une réponse définitive et essentielle à tous ceux qui disent et répètent que « c’est dans la tête ». À lire d’urgence et sans modération. Lauren Malka
C’est mon corps. Toutes les questions que se posent les femmes sur leur santé, de Martin Winckler. Éd. de L’Iconoclaste, 400 pages, 22,90 euros. Sortie le 25 mars.