Le conseil de lec­ture de Martin Winckler : « Un si joli petit livre », de Claude Pujade-Renaud

Chaque mois, un auteur, une autrice, que Causette aime, nous confie l’un de ses coups de cœur littéraires. 

109 Martin Winckler © BALTELSIPA
© Battle /​Sipa

La pre­mière fois que j’ai par­lé à Claude Pujade-​Renaud, c’était au télé­phone. J’avais envoyé une nou­velle à Nouvelles Nouvelles, la revue qu’elle diri­geait avec Daniel Zimmermann. Elle m’avait ren­voyé mon texte avec une lettre un peu éva­sive me deman­dant de la… retravailler. 

On était en 1986. J’étais rédac­teur dans une revue médi­cale à l’époque et je savais ce que tra­vailler un texte vou­lait dire, mais quand j’avais affaire à mon rédac chef, il me disait ce qui clo­chait dans mon texte. La lettre de Claude, en revanche, ne me disait rien de tel. D’où mon coup de fil. 

Claude me répon­dit avec gen­tillesse et – parce que j’insistais – avec pré­ci­sion : il y avait deux pages au milieu de la nou­velle qui n’avaient rien à y faire. Elle me sug­gé­rait, déli­ca­te­ment, de les reti­rer et de trai­ter du per­son­nage qui s’y trou­vait « encryp­té » dans un autre texte. Elle mar­chait sur des œufs, de peur que je ne le prenne mal. 

Elle est comme ça, Claude. Modeste, déli­cate, atten­tive, res­pec­tueuse. Et ses livres le sont aus­si. Alors que son œuvre est impres­sion­nante : près de trente livres entre 1978 et 2016 – romans, nou­velles, poé­sie, mais aus­si livres péda­go­giques, textes de fic­tion pour adultes et ado­les­cents et récits auto­biographiques, dont cer­tains en colla­boration avec Daniel Zimmermann. Une œuvre consi­dé­rable par son ampleur et sa diver­si­té. Et tout ça, pen­dant et après avoir été dan­seuse et ensei­gné danse et expres­sion cor­po­relle à l’université. 

Quand j’ai quit­té la France pour m’installer à Montréal [au Canada, ndlr], j’ai empor­té presque tous mes livres. Il y a quelques mois, j’ai démé­na­gé d’un loge­ment à un autre, plus petit, et j’ai dû me défaire de beau­coup de volumes, faute de place. J’ai gar­dé tous les livres de Claude. Je n’ai qu’à me tour­ner, ils sont sur une éta­gère der­rière moi, je pour­rais par­mi eux en choi­sir beau­coup qui m’ont tou­ché plus que les autres : La Ventriloque (éd. Des Femmes), qui m’a par­lé d’avortement mieux que qui­conque ; Belle-​Mère (éd. Actes Sud), qui a reçu le Goncourt des lycéens ; Le Sas de l’absence, dans lequel elle parle de sa mère… Mais mon pré­fé­ré est un de ses nom­breux recueils de nou­velles – c’est une grande nou­vel­liste –, un de ces recueils qu’on lit et qu’on relit, et qu’on savoure à chaque lec­ture comme si c’était la deuxième fois. Pas la pre­mière, celle de la sur­prise, mais la deuxième, celle de « J’en veux encore ». Il s’intitule Un si joli petit livre. Et c’est un délice.

Un si joli petit livre, de Claude Pujade-​Renaud. Éd. Actes Sud, 192 pages, 6,60 euros. 


En librai­rie · C’est mon corps 

On en rêvait, Martin Winckler l’a fait. Un livre de réfé­rence sur le corps fémi­nin, ver­sion 0 % de sté­réo­types. Comme quoi, c’était pos­sible. Médecin, écri­vain et you­tu­beur, Martin Winckler a consa­cré sa vie à soi­gner les femmes et à les écou­ter. Pour lui, elles sont à la fois les pre­mières à consul­ter des méde­cins et à essuyer leur mépris. Dans ce livre, il cherche à répondre aux innom­brables ques­tions qu’elles se posent aux dif­fé­rents moments de leur exis­tence. Faut-​il se méfier de la pilule ? Est-​il nor­mal de souf­frir pen­dant un rap­port sexuel ? Quels sont les risques et avan­tages de deve­nir mère après 40 ans ? Faut-​il allai­ter ? Quels symp­tômes accom­pagnent la méno­pause ? Dédié à la pre­mière vic­time d’erreur médi­cale que Martin Winckler a ren­con­trée, lorsqu’il n’avait que 22 ans, truf­fé d’anecdotes per­son­nelles, de cas éclai­rants et d’explications ana­to­miques, ce livre apporte une réponse défi­ni­tive et essen­tielle à tous ceux qui disent et répètent que « c’est dans la tête ». À lire d’urgence et sans modé­ra­tion. Lauren Malka

C’est mon corps. Toutes les ques­tions que se posent les femmes sur leur san­té, de Martin Winckler. Éd. de L’Iconoclaste, 400 pages, 22,90 euros. Sortie le 25 mars.

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