Taubira l'écrivaine

Gran Balan, de Christiane Taubira
Éd. Plon, 360 pages, 17,90 euros
Paru en pleine rentrée littéraire, le premier roman de Christiane Taubira est de ceux qu’on ne lit pas comme les autres. En quelques pages, on est rassuré : le style littéraire est à l’aune de la verve oratoire de l’ancienne ministre. Gran Balan s’ouvre dans un tribunal de Guyane où comparait le jeune Kerma, pris malgré lui dans une affaire de braquage et de meurtre. Pour raconter l’enchaînement des faits qui l’ont mené là, le récit digresse vers d’autres personnages, en alternant les scènes et les songes : un éducateur, des mères courage, des élus, des magistrats, des malfrats. Tous convergeront vers le verdict qui attend Kerma. À travers eux, c’est l’histoire postcoloniale de cette terre qui est convoquée. En plus de trois cents pages où tout est « critique et pot-de-chambrique », tambours et chansons, épique et foisonnant. Validé ! H. A.
Marseille, ma belle

d’Hadrien Bels. Éd. L’Iconoclaste,
256 pages, 18 euros.
D’elle, il dit : « Elle en a marre, elle veut se sentir désirable. Elle se tire les cheveux, les décolore. […] Moi, je la trouve belle comme ça. Avec ses mots simples et ses manières de fille des rues. » Elle, c’est Marseille. Lui, c’est Hadrien Bels, qui signe un premier roman à la tchatche aussi vivante et fleurie qu’un gamin du Panier. Le Panier, justement, c’est le quartier qu’il raconte dans Cinq dans tes yeux. Celui où il a grandi dans les années 1990 – à l’instar de son héros, Stress –, avant que cet îlot populaire et bigarré ne devienne un repère de[…]