King Kong, de Christophe Blain et Michel Piquemal
![La sélection BD de juillet-août 2019 2 C1 KING KONG 2](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/01/C1-KING-KONG-2-881x1024.jpg)
Attention splendeur ! Quand Christophe Blain, l’auteur d’Isaac le pirate et de Quai d’Orsay, géant de la bande dessinée, s’attelle à un autre mastodonte, à savoir King Kong, cela donne un album somptueux de beauté. À mi-chemin entre le livre jeunesse et la bande dessinée, ce bel objet, quoique peu volumineux, vaut amplement le détour. D’abord publié en 2004 sous la forme d’un livre pour enfants, et tiré à peu d’exemplaires, il s’est vite vu épuisé. Et comme ce qui est rare est cher, il devint vite culte au point que les collectionneurs se l’arrachaient. Quinze ans plus tard, Blain a finalement décidé de se remettre à son ouvrage pour notre plus grand bonheur. Et comme ce perfectionniste ne lésine pas sur la qualité, il a redessiné chaque case et retouché tous les dessins. Et quels dessins ! Des pleines pages qui sont autant de tableaux aux lumières cinématographiques qui, bien qu’il s’agisse d’une libre adaptation, nous replongent dans l’atmosphère du film de Meriam Cooper et Ernest Schoedsack, réalisé en 1933. C’est Michel Piquemal, lui aussi champion du livre jeunesse puisqu’il en a écrit près de deux cents, qui nous raconte cette histoire d’amour mythique entre la belle actrice et la bête sauvage, tombée amoureuse de celle-ci. Un coup de maître.
King Kong, de Christophe Blain et Michel Piquemal. Éd. Robinson, 48 pages, 14,95 euros.
Souffre-douleur, de Bruce Mutard
![La sélection BD de juillet-août 2019 3 Capture d’écran 2019 06 21 à 11.17.22](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/01/Capture-d’écran-2019-06-21-à-11.17.22-731x1024.jpg)
La maison d’édition çà et là a le chic pour dénicher des pépites parues à l’étranger, qu’elle a la délicatesse d’adapter pour nous autres, Frenchies nuls en anglais. C’est le cas de Souffre-Douleur, de l’auteur australien Bruce Mutard, dont c’est le cinquième ouvrage. Dans cet album totalement autobiographique, Bruce raconte le harcèlement dont il a été victime toute sa scolarité. Chétif, pas bien grand, mal entendant, autant dire que le gamin avait tous les critères pour se faire sadiser en beauté. C’était déjà pas gagné avant qu’il ait le malheur d’avouer que les filles ne l’intéressaient pas plus que ça. Que n’avait-il pas dit ! Le voilà désormais traité de « sale pédé » à tous les coins de couloir, quand il ne se fait pas salement tabasser. Et ce cauchemar durera jusqu’à son entrée à l’université. Dans cet ouvrage en noir et blanc, au trait fin et réaliste, l’auteur mélange le documentaire à ses monologues intérieurs et nous fait plonger dans ses fantasmes de vengeance. Il raconte aussi, surtout, l’après. Et comment cette violence a eu des conséquences tout le reste de sa vie. Jusqu’à le faire souffrir de troubles alimentaires sévères. Un ouvrage sans pathos à la sincérité déchirante.
Souffre-Douleur, de Bruce Mutard. Éd. ça et là, 192 pages, 20 euros.