Fille d’alcoolo, la bande dessinée de Camilla Gallapia, s'attaque, à travers des illustrations au ton sombre, à un sujet de société encore tabou, celui d'être un·e enfant d'un parent alcoolique. En livrant son histoire, celle d’une mère alcoolique et d’une petite fille qui grandit entre la honte et le soutien, la bédéaste cherche aussi à déconstruire l'image glamour de l'alcool au féminin.
![“Fille d’alcoolo” : un roman graphique sur l’alcoolisme au féminin 1 Capture d’écran 2023 05 03 à 10.34.15](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2023/05/Capture-d’écran-2023-05-03-à-10.34.15.jpg)
Il faut désormais compter avec Camilla Gallapia dans le monde des autrices. L’illustratice aux 27 000 abonnées sur Instagram s'attelle avec son roman graphique Fille d’alcoolo, publié ce mercredi 3 mai aux éditions Larousse, à un sujet encore peu traité : grandir avec un parent alcoolique.
Lorsque Camilla Gallapia fête ses 40 ans, seize ans se sont écoulés depuis le décès de sa mère et une question lui vient en tête. Qui était sa mère à 40 ans ? Et même avant, avant l'alcool ? Dans cette bande dessinée qui déconstruit la glamourisation de la consommation de l'alcool chez les femmes, l'autrice se livre, avec émotion, sur sa vie de fille d’une mère alcoolique et les épreuves que cela implique de traverser. Celle de la honte, en passant par la solitude, la précarité et l’ignorance.
Dans les premières pages, l'autrice revient sur l'enfance de sa mère, de sa naissance jusqu'à la rencontre avec le père de Camilla Gallapia. À cette époque, sa mère a trois autres sœurs, elle vit dans un pavillon de l’Oise. Mais trouver sa place est difficile. Celle que la bédéaste appelle le « vilain petit canard » n’était pas la plus « jolie », la plus « attachante » ou encore la plus « rigolote ». Des critères qui l'ont conduite à s'éloigner progressivement de ses parents jusqu'à l'âge adulte. La rencontre plus tard avec le père de Camilla Gallapia, à qui elle voue un amour inconditionnel, la poussera à quitter le nid familial. Une séparation trop précoce à l'âge de 19 ans ? Peut-être. Est-ce là que l’alcool s’est infiltré dans sa vie ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, quelques années plus tard, Camilla Gallapia est née et sa mère est devenue alcoolique.
![“Fille d’alcoolo” : un roman graphique sur l’alcoolisme au féminin 2 Capture d’écran 2023 05 03 à 10.37.20](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2023/05/Capture-d’écran-2023-05-03-à-10.37.20.jpg)
Pendant 192 pages, Camilla Gallapia raconte avec authenticité, en mêlant son histoire à ses illustrations, l'épopée de sa vie de fille d’une mère alcoolique. Un quotidien guidé par la honte et le poids des secrets. Comment se construire quand on n'est qu'une petite fille et qu'on doit prendre soin de sa mère ? Comment se construire quand on a honte de sa mère et des comportements qu’elle peut avoir ? Dans son cheminement vers sa vie d'adulte, c'est à l'isolement, la précarité et la dépendance que Camilla Gallapia a dû faire face. Une spirale infernale dont finalement seule la mort de sa mère la libère.
Au fil des pages, la sincérité de l’autrice nous touche particulièrement. Les illustrations, aux couleurs oscillant entre noirceur et lueur, à l’image de sa libération, racontent la souffrance des familles touchées par l’alcoolisme. Un récit didactique auquel·les beaucoup s’identifieront et au message fort : Vous n’êtes pas seul·es.
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