“Fille d’alcoolo” : un roman gra­phique sur l’alcoolisme au féminin

Fille d’alcoolo, la bande des­si­née de Camilla Gallapia, s'attaque, à tra­vers des illus­tra­tions au ton sombre, à un sujet de socié­té encore tabou, celui d'être un·e enfant d'un parent alcoo­lique. En livrant son his­toire, celle d’une mère alcoo­lique et d’une petite fille qui gran­dit entre la honte et le sou­tien, la bédéaste cherche aus­si à décons­truire  l'image gla­mour de l'alcool au féminin.

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© Larousse

Il faut désor­mais comp­ter avec Camilla Gallapia dans le monde des autrices. L’illustratice aux 27 000 abon­nées sur Instagram s'attelle avec son roman gra­phique Fille d’alcoolo, publié ce mer­cre­di 3 mai aux édi­tions Larousse, à un sujet encore peu trai­té : gran­dir avec un parent alcoolique. 

Lorsque Camilla Gallapia fête ses 40 ans, seize ans se sont écou­lés depuis le décès de sa mère et une ques­tion lui vient en tête. Qui était sa mère à 40 ans ? Et même avant, avant l'alcool ? Dans cette bande des­si­née qui décons­truit la gla­mou­ri­sa­tion de la consom­ma­tion de l'alcool chez les femmes, l'autrice se livre, avec émo­tion, sur sa vie de fille d’une mère alcoo­lique et les épreuves que cela implique de tra­ver­ser. Celle de la honte, en pas­sant par la soli­tude, la pré­ca­ri­té et l’ignorance.

Dans les pre­mières pages, l'autrice revient sur l'enfance de sa mère, de sa nais­sance jusqu'à la ren­contre avec le père de Camilla Gallapia. À cette époque, sa mère a trois autres sœurs, elle vit dans un pavillon de l’Oise. Mais trou­ver sa place est dif­fi­cile. Celle que la bédéaste appelle le « vilain petit canard » n’était pas la plus « jolie », la plus « atta­chante » ou encore la plus « rigo­lote ». Des cri­tères qui l'ont conduite à s'éloigner pro­gres­si­ve­ment de ses parents jusqu'à l'âge adulte. La ren­contre plus tard avec le père de Camilla Gallapia, à qui elle voue un amour incon­di­tion­nel, la pous­se­ra à quit­ter le nid fami­lial. Une sépa­ra­tion trop pré­coce à l'âge de 19 ans ? Peut-​être. Est-​ce là que l’alcool s’est infil­tré dans sa vie ? Peut-​être. Quoi qu'il en soit, quelques années plus tard, Camilla Gallapia est née et sa mère est deve­nue alcoolique. 

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© Camilla Gallapia 

Pendant 192 pages, Camilla Gallapia raconte avec authen­ti­ci­té, en mêlant son his­toire à ses illus­tra­tions, l'épopée de sa vie de fille d’une mère alcoo­lique. Un quo­ti­dien gui­dé par la honte et le poids des secrets. Comment se construire quand on n'est qu'une petite fille et qu'on doit prendre soin de sa mère ? Comment se construire quand on a honte de sa mère et des com­por­te­ments qu’elle peut avoir ? Dans son che­mi­ne­ment vers sa vie d'adulte, c'est à l'isolement, la pré­ca­ri­té et la dépen­dance que Camilla Gallapia a dû faire face. Une spi­rale infer­nale dont fina­le­ment seule la mort de sa mère la libère. 

Au fil des pages, la sin­cé­ri­té de l’autrice nous touche par­ti­cu­liè­re­ment. Les illus­tra­tions, aux cou­leurs oscil­lant entre noir­ceur et lueur, à l’image de sa libé­ra­tion, racontent la souf­france des familles tou­chées par l’alcoolisme. Un récit didac­tique auquel·les beau­coup s’identifieront et au mes­sage fort : Vous n’êtes pas seul·es.

À lire aus­si I Sur France 2, un docu­men­taire coup de poing sur l'alcoolisme des femmes

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