Expos : à Rouen, place aux héroïnes punk et plurielles

Jusqu'au 6 novembre, la Réunion des musées métro­po­li­tains Rouen Normandie (RMM) pro­pose une riche série d'expositions pas­sion­nantes. Avec, notam­ment, Nadja, un iti­né­raire sur­réa­liste qui raconte Léona Delcourt, la femme der­rière l'œuvre d'André Breton.

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Le Rêve du chat, Nadja, 1926. 

« La beau­té sera convul­sive ou ne sera pas », c’est par cette phrase défi­ni­tive que le poète sur­réa­liste André Breton ter­mi­nait, en 1927, le manus­crit de ce qui allait deve­nir l’un des livres les plus bou­le­ver­sants sur l’amour fou, Nadja. Sous ce pseu­do­nyme, on le sait aujourd’hui, se dis­si­mu­lait Léona Delcourt, jeune femme pauvre et légè­re­ment illu­mi­née, qui vécut avec Breton une aven­ture pas­sion­née, déli­rante et furieu­se­ment poé­tique. C’est à celle-​ci que le Musée des beaux-​arts de Rouen consacre une expo­si­tion, retra­çant l’histoire du livre et de son inspiratrice.

Un par­cours semé d’images – pein­tures et pho­tos –, mais aus­si d’objets sym­bo­liques des thé­ma­tiques du mou­ve­ment : l’inconscient, le hasard, la ren­contre. Léona Delcourt s’inscrit dans la série des Héroïnes, à qui la Réunion des musées métro­po­li­tains Rouen Normandie (RMM) a déci­dé de dédier plu­sieurs expo­si­tions spé­ci­fiques. Ainsi, le Musée des beaux-​arts nous invite à décou­vrir une autre héroïne : la peintre Nina Childress, ex-​chanteuse punk, à qui le kitsch et le clas­si­cisme ne font pas peur. Elle pro­pose un sai­sis­sant Tombeau de Simone de Beauvoir, com­po­sé de plu­sieurs œuvres-​hommages à la célèbre femme de lettres, dans les­quelles elle a choi­si de repré­sen­ter une Simone contra­dic­toire et par­fois scandaleuse.

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La tapis­se­rie Nativité, d’Aurélia Jaubert (détail).

Chaque année, la RMM – qui a éla­bo­ré en 2018 la Charte pour l’égalité femmes-​hommes dans les pra­tiques muséales –, orga­nise un fes­ti­val d’art contem­po­rain, La Ronde, qui se tient dans plu­sieurs musées du ter­ri­toire. Expositions, ins­tal­la­tions, pein­tures et per­for­mances s’y répondent, créées par des artistes reconnu·es ou émergent·es. La Ronde 2022 est sur le mode « Féminin pluri·elles », les artistes ayant pro­duit des œuvres ori­gi­nales sur ce thème. On note­ra les tra­vaux sur la mémoire et l’enfance d’Iris Sara Schiller. Ses vidéos et ins­tal­la­tions sont déployées au sein de plu­sieurs lieux, dont La Fabrique des savoirs. Installations vidéo éga­le­ment pour Catherine Menoury, qui pro­pose Le Dîner, plu­sieurs écrans détaillant des tranches de vie sur les rap­ports mère-​fille. Guy Lemonnier a, lui, tra­vaillé avec des coque­li­cots et des pavots pour créer son œuvre La Fiancée asyn­chrone, en écho au Grand Verre de Duchamp.

Fabien Lerat pro­pose une œuvre tex­tile, réin­ter­pré­ta­tion contem­po­raine de La Descente de croix de Laurent de La Hyre, conser­vée au Musée des beaux-​arts de Rouen. Au fil des déam­bu­la­tions, on croi­se­ra des créa­tions de Lou Parisot, Garance Alves, Samuel Buckman ou le texte-​performance de Florence Jou. On retrou­ve­ra avec plai­sir les immenses tapis­se­ries humo­ris­tiques d’Aurélia Jaubert. Ses œuvres, com­po­sées de mor­ceaux de cane­vas et de bro­de­ries chi­nés au hasard des bro­cantes, sont autant d’hommages aux « ouvrages de dames » et à toutes ces modestes bro­deuses qui y ont contri­bué. Des héroïnes… du quotidien. 

Nadja, un iti­né­raire sur­réa­liste et Nina Childress, le Tombeau de Simone de Beauvoir. Musée des beaux-​arts de Rouen, jusqu’au 6 novembre.

La Ronde #6, fes­ti­val d’art contem­po­rain pro­gram­mé dans plu­sieurs lieux de la Métropole Rouen Normandie, jusqu’au 6 novembre. Mbarouen.fr

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