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© Le Bureau Jour2fête

« Un pays qui se tient sage », radio­sco­pie des vio­lences policières

Alors que de nom­breuses mani­fes­ta­tions citoyennes sont répri­mées bru­ta­le­ment en France, Un pays qui se tient sage pro­pose d’interroger la place de la police dans une démo­cra­tie. Rencontre avec David Dufresne, son réalisateur.

David Dufresne 1 copyright Patrice Normand HD A
David Dufresne © Patrice Normand

Causette : Vous avez déjà beau­coup trai­té des vio­lences poli­cières en France. D’abord en tant que lan­ceur d’alerte, Allo@Place_Beauvau, puis en tant qu’écrivain, Dernière Sommation. Pourquoi un film, à pré­sent ?
David Dufresne : Le film me per­met de com­plé­ter ma démarche. Les signa­le­ments fac­tuels d’Allo@Place_Beauvau, sur Twitter, pro­voquent le débat ; mon roman le raconte de façon intime ; et Un pays qui se tient sage le nour­rit puisque l’enjeu, ici, est d’analyser et même de décor­ti­quer ces vidéos accu­mu­lées au fil des mois. 

Du coup, ce n’est pas for­cé­ment le brû­lot
auquel on aurait pu s’attendre ? 

D. D. : Non, c’est un film de réflexion avant tout, parce que je reste convain­cu de la néces­si­té d’un débat. C’est aus­si pour ça que j’ai choi­si le ciné­ma : un film se regarde col­lec­ti­ve­ment et appelle à la dis­cus­sion. De fait, plus que jamais, nous avons besoin de débattre de la ques­tion de la police, de son rôle, de sa place dans la socié­té. La police, c’est le bras armé du pou­voir, ça nous concerne au pre­mier chef. On doit pou­voir dis­cu­ter de sa doc­trine, de son arme­ment. Comme on doit pou­voir dis­cu­ter de la vio­lence d’État. Aujourd’hui, tous les pays sont confron­tés aux vio­lences poli­cières. Pour les démo­cra­ties, c’est deve­nu un enjeu crucial. 

Vos images sont très fortes. D’où viennent-​elles ?
D. D. : D’un côté, il y a les images dures, prises sur le vif, des mani­fes­ta­tions et, de l’autre, des images posées, fil­mées après coup, qui donnent à voir et à entendre une parole arti­cu­lée. Les images brutes, bien sûr, ce sont les vidéos que j’ai archi­vées depuis deux ans sur mon fil Twitter. Les mettre sur grand écran, pour moi, était impor­tant, un vrai geste ciné­ma­to­gra­phique. J’avais tout ran­gé. On a donc retrou­vé 95 % des auteurs et tout le monde a été cré­di­té et payé. C’est la moindre des choses. C’est aus­si un hom­mage à tous ces gens qui ont levé leur télé­phone et filmé. 

Les com­men­taires de vos intervenant·es sont puis­sants. Mais vous ne décli­nez leur iden­ti­té et leur pro­fes­sion qu’à la fin du film. Parlez-​nous de ce dis­po­si­tif…
D. D. : J’ai vou­lu gom­mer les sta­tuts pour deux rai­sons. D’abord, c’est une façon d’éviter de dire aux spec­ta­teurs : lui, vous allez l’écouter parce que c’est un avo­cat, elle, parce que c’est une phi­lo­sophe. Tout le monde est mis au même niveau, qu’il et elle soit cariste, assis­tante sociale ou socio­logue. Et puis cela per­met à cha­cun de jouer avec ses propres préjugés. 

On com­prend assez vite, quand même,
qu’il y a deux poli­ciers par­mi eux…

D. D. : Et un géné­ral de gen­dar­me­rie ! Les deux poli­ciers sont membres d’un syn­di­cat, Alliance pour l’un et ­Synergie-​Officiers pour l’autre. C’est impor­tant qu’ils soient là : le film ne livre pas seule­ment la bataille des images, il livre aus­si celle du récit. Mais je tiens à sou­li­gner leur cou­rage. Certes, ces poli­ciers parlent pour défendre leurs col­lègues, mais en tout cas ils ont accep­té de par­ler. Les auto­ri­tés, les ins­ti­tu­tions, elles, ont refu­sé. C’est le cabi­net de Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, qui a tout bloqué.

Voir la bande annonce du film 
UN PAYS DATE A

Un pays qui se tient sage,
de David Dufresne. En salles. 









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