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©Samuel Regan-Asante

"Sunless Shadows" et "Souterrain", la sélec­tion ciné du 26 janvier

Ce mer­cre­di on vous pro­pose le docu­men­taire, Sunless Shadows, de Mehrdad Oskouei qui a sui­vi des ado­les­centes incar­cé­rées pour avoir tué un parent mas­cu­lin en Iran et une périlleuse mis­sion de sau­ve­tage en zone houillère avec Souterrain, de Sophie Dupuis.

Sunless Shadows, de Mehrdad Oskouei

Préparez-​vous à vivre une expé­rience. Sunless Shadows (« Ombres sans soleil », en fran­çais) a toutes les chances de bou­le­ver­ser votre regard sur l’amour et la mort ! Son sujet s’y prête : ce docu­men­taire a pour cadre un centre de déten­tion pour ado­les­centes en Iran et suit un groupe de jeunes filles incar­cé­rées pour avoir tué un parent mas­cu­lin (un père, le plus sou­vent). Intense, donc. Mais ce qui frappe encore davan­tage, c’est la manière – franche, désar­mante – avec laquelle elles racontent leur acte et livrent leurs pen­sées intimes.

Le dis­po­si­tif choi­si par Mehrdad Oskouei, cinéaste confir­mé, favo­rise cette spon­ta­néi­té. Grâce à son fil­mage atten­tif, sans juge­ment, on pénètre de deux façons dans ce monde à part. Soit par des scènes de la vie quo­ti­dienne des jeunes filles, qui captent les jeux, les rires, les dis­putes des ados qu’elles n’ont pas ces­sé d’être. Soit par des séquences plus contrô­lées où, seules face à la camé­ra, elles s’adressent à leur vic­time dans l’au-delà ou à leur com­plice (leur mère, généralement).

Le contraste n’est pas seule­ment remar­quable, il glace pour ce qu’il raconte des vio­lences d’une socié­té patriar­cale qui donne tous les droits à l’homme. Toutes, de fait, ont subi (très jeunes) mariage for­cé et viols conju­gaux, ou ont vécu dans un foyer où leur mère était humi­liée et bat­tue par leur père.

Soyons bien clair : à aucun moment le film n’absout ses pro­ta­go­nistes ni leurs crimes. Il ques­tionne juste à sa façon, cou­ra­geuse sinon malai­sante, la domi­na­tion mas­cu­line et ses effets. En fin de compte, il nous fait com­prendre que cette pri­son,
exclu­si­ve­ment fémi­nine, est moins un lieu coer­ci­tif qu’un havre de paix et
de pro­tec­tion pour ces jeunes filles. Terrible constat.

Sunless Shadows, de Mehrdad Oskouei. En salles.

Souterrain, de Sophie Dupuis.

Souterrain est un film mul­ti­couche dans lequel on s’enfonce irré­sis­ti­ble­ment. Profondément. Au pre­mier abord, il semble scru­ter le tra­vail des mineurs d’une petite ville du Québec et leur quo­ti­dien haras­sant. Mais assez vite, on com­prend que Sophie Dupuis, sa réa­li­sa­trice, veut son­der autre chose à tra­vers ces puits de forage téné­breux. De fait, ce que nous révèle brillam­ment, strate par strate, cette fille et petite-​fille de mineurs, c’est la sen­si­bi­li­té enfouie de ces hommes, coin­cés dans une concep­tion pas­sa­ble­ment étri­quée de la viri­li­té. Et malheureux.

Arpentant avec maî­trise, non sans audace, un ter­ri­toire dou­ble­ment mas­cu­lin – la mine et le film d’action à sus­pense –, cette jeune cinéaste cana­dienne s’appuie certes sur un scé­na­rio clas­sique… mais encore sur une camé­ra fébrile, fure­teuse, sen­sible, qui filme au plus près une gale­rie de per­son­nages atta­chants. En pre­mier lieu, Maxime (Joakim Robillard), gar­çon impé­tueux à qui tout semble réus­sir, sauf qu’il dis­si­mule de plus en plus mal ses failles et son désar­roi face à son meilleur ami handicapé…

À la fois très humain et spec­ta­cu­laire (vio­lente explo­sion sous terre à la clé), Souterrain aborde une série de thèmes déli­cats tels que le sens du devoir,
la soli­da­ri­té, la culpa­bi­li­té, la pater­ni­té et l’impuissance, sans jamais déga­ger d’impression de lour­deur, ni même de démons­tra­tion. Grâce en soit ren­due aux acteurs, les pre­miers comme les seconds rôles : émou­vants sans for­cer, ils incarnent idéa­le­ment la puis­sance inquiète de ce film choral.

Souterrain, de Sophie Dupuis

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