Meilleur film. Meilleure réalisation. Meilleure actrice. Le film oscarisé réalisé par Chloé Zhao, vaut tous les détours.
Voilà un moment, déjà, que Chloé Zhao est une femme à suivre. Depuis Les chansons que mes frères m’ont apprises, son premier long-métrage et l’un des plus beaux de l’année 2015. Bonne pioche : avec Nomadland, cette cinéaste américaine d’origine chinoise confirme tout le bien que l’on pensait d’elle. Ce troisième film, visuellement superbe, l’élève même un cran au-dessus : il est fascinant de pudeur, de mélancolie et de liberté mêlées. Nul hasard s’il a remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise… mais encore les trois statuettes les plus prestigieuses des Oscars 2021 (meilleur film, meilleure réalisation, meilleure actrice) !
À la croisée du documentaire et de la chronique poétique, il raconte simplement l’histoire d’une femme qui bascule dans une vie nomade. Fern (c’est son prénom) décide ainsi de prendre la route à bord de son modeste van après le décès de son compagnon et la débâcle économique de la bourgade ouvrière où elle réside. À l’ouest, toute ! La soixantaine taiseuse, elle adopte alors un mode de vie en rupture avec les standards de la société, croisant des camarades au détour d’une vaste plaine, d’une aire de stationnement ou d’un boulot saisonnier…
On le voit, Nomadland s’inscrit dans la tradition du road-movie, qui dévoile par petites touches impressionnistes l’envers du rêve américain et ses laissé·es-pour-compte. Mais il s’en distingue aussi par des choix scénaristiques remarquables. D’abord c’est une femme, poignante mais robuste, qui tient lieu de fil rouge et d’héroïne… d’autant plus exceptionnelle qu’elle est interprétée par la géniale Frances McDormand. Ensuite, aucune scène de violence (pour une fois) ne jalonne son récit, certes rude mais également gracieux, jusque dans ses ellipses.