À travers l’histoire de Sanou, lycéenne de La Plaine Saint-Denis qui fait son entrée dans le lycée parisien Henri-IV, Les Héritières nous parle de méritocratie, de sororité et des défis que pose l’intégration dans un milieu social différent du sien. À voir demain soir à 20 h 55 sur Arte.
Peut-on s’intégrer dans un nouveau monde sans trahir d’où l’on vient et renier les siens ? Peut-on vraiment parler d’égalité des chances s’il faut en faire plus que les autres pour justifier sa place ? Autant de questionnement que soulèvent Les Héritières, téléfilm réalisé par Nolwenn Lemesle, sur un scénario écrit par Johanna Goldschmidt et Laure-Élisabeth Bourdaud. Pendant 1 h 20, elles nous racontent l’histoire de Sanou, (Tracy Gotoas), excellente élève d’un collège de Seine-Saint-Denis, classé REP (réseaux d’éducation prioritaire), qui fait sa rentrée en seconde dans le lycée parisien Henri-IV, encouragée et suivie de près par la conseillère principale d’éducation de son ancien collège, interprétée par Déborah François.
Le trio réalisatrice-scénaristes aurait pu retracer en amont le parcours de Sanou pour intégrer le prestigieux lycée parisien. Elles ont préféré nous raconter l’après : comment elle, qui fait ses devoirs dans le RER, peut trouver sa place dans un lycée où les élèves prennent de l’avance sur le programme de l’année pendant les vacances d’été ? Un décalage que le travail et l’excellence académique ne suffisent pas toujours à combler.
L'importance du capital culturel et social
Car à Henri-IV plus qu’ailleurs, avoir de bonnes notes ne suffit pas à être intégré·e. Il faut avant tout partager le même vocabulaire, avoir les mêmes références, la même liberté… Les normes entre le Ve arrondissement parisien et la Plaine Saint-Denis sont bien différentes. En filigrane et sans tomber dans le cliché, les scénaristes questionnent le concept de méritocratie, qu’il est impossible de ne pas lier au capital social et culturel des enfants.
Mais un coup de pouce vient faciliter la vie de Sanou qui se voit offrir par l’Éducation nationale une bourse et une chambre étudiante si elle accepte de tutorer Khady (Fanta Kebe), élève dans son ancien collège, elle aussi brillante, mais plus intéressée par la break dance que par sa candidature pour intégrer un lycée parisien huppé. Une solution qui se transformera en bras de fer avec ses parents, réticents à l’idée de la laisser vivre seule, loin de leur quartier et de ses repères.
Les Héritières chronique cette année décisive pour Sanou : s'adapter à un nouvel environnement et s'émanciper des siens, sans perdre son identité. Un véritable jeu d'équilibriste.
À voir demain soir sur Arte et disponible sur arte.tv jusqu'au 01/09/2021