Aujourd'hui dans les salles obscures : un mélodrame bouleversant dans une famille d'accueil et une quête mystique dans les montagnes italiennes.
La Vraie Famille, de Fabien Gorgeart
Après l’excellent Diane a les épaules, Fabien Gorgeart interroge de nouveau l’amour maternel dans La Vraie Famille… Mais avec une intensité redoublée ! S’inspirant de son histoire personnelle, il suit le parcours d’Anna, qui vit avec son mari, leurs deux garçons et Simon, un enfant placé chez eux par l’Aide sociale à l’enfance à l’âge de 18 mois (il a désormais 6 ans). Sauf que le père biologique de Simon souhaite récupérer la garde de son fils. Un bouleversement auquel Anna ne peut se résoudre. Quand bien même le point de vue du réalisateur manque de nuances (la famille d’Anna est idyllique, le père de Simon est essentiellement perçu comme un loser), ce film pose de bonnes questions sur un système imparfait, comme sur la complexité des liens familiaux. Il a la chance d’être porté par Mélanie Thierry (Anna) et Lyes Salem (son mari), tous deux remarquables.
La Vraie Famille, de Fabien Gorgeart
Voir la bande annonce du film :
Piccolo Corpo, de Laura Samani.
Il y a deux manières d’entrer dans Piccolo Corpo. On peut l’appréhender comme un chemin de croix au féminin, nimbé de mystères et de superstitions. On peut aussi le vivre comme une traversée rugueuse de l’Italie du début du XXe siècle. Quoi qu’il en soit, ce premier film signé Laura Samani s’apparente à un miracle ! Précisément, il raconte la trajectoire d’Agata (Celeste Cescutti), qui vit en 1900 dans un village de pêcheurs. Enceinte, elle accouche d’une fille mort-née qui doit donc, comme le veut la coutume, être enterrée sans nom et sans baptême. Sauf qu’Agata ne l’accepte pas. Elle décide alors de prendre la route pour sauver l’âme de son bébé… Puisqu’il existerait un endroit dans les montagnes où l’enfant pourrait être ramenée à la vie, le temps d’un souffle, afin d’être baptisée. Portant ce petit corps (« piccolo corpo », en italien) dans une boîte sur son dos, Agata s’engage seule dans ce périple difficile, bientôt rejointe par un brigand énigmatique…
À la frontière du drame réaliste et du conte, Piccolo corpo est d’abord un éblouissement visuel. Mais ce qui frappe également, c’est la cohérence de son récit qui, à travers ses chemins de traverse et ses dialectes, nous parle finement d’une féminité rebelle.
Agata est une femme qui voyage seule (première transgression), une croyante qui questionne sa religion (deuxième interdit) et, enfin, une mère qui refuse la loi des hommes et de Dieu (troisième subversion). Elle est d’autant plus captivante que Laura Samani n’en fait ni une héroïne ni une sainte. Juste un personnage différent, attachant, très émouvant.
Piccolo Corpo, de Laura Samani.