La sélec­tion ciné du 22 décembre

Au pro­gramme de ce mer­cre­di : Mica, d’Ismaël Ferroukhi et Madeleine Collins, d’Antoine Barraud.

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©Nicolas COMTE
Jeu, set et match

Des tôles pous­sié­reuses d’un bidon­ville péri­phé­rique aux courts de ten­nis d’un club hup­pé de Casablanca, le che­min peut sem­bler long. Voire impen­sable. Surtout lorsque l’on est un enfant, que l’on vient de perdre son père et que l’on a pour seule pers­pec­tive d’être « l’homme à tout faire » d’un vieux gar­dien. Sauf, bien sûr, si l’on est un gar­çon débrouillard, prêt à tout pour chan­ger son des­tin… Inutile de lou­voyer : le nou­veau film du Franco-​Marocain Ismaël Ferroukhi se pré­sente bel et bien comme le « feel good movie » du mois. De fait, en dépit de sa sombre situa­tion de départ, il s’appuie sur tous les res­sorts du récit d’apprentissage (per­son­nages atta­chants, épreuves, belles ren­contres, etc.) pour mieux nous enchan­ter. En somme, un conte moderne, dûment par­se­mé de cruau­té (les dis- pari­tés sociales sont vio­lentes au Maroc) et de magie (le ciel et les oiseaux y jouent un rôle clé) ? C’est un peu plus sub­til que cela…

D’abord, sa réa­li­sa­tion ins­talle sobre­ment l’intrigue, le cadre et les enjeux. Une belle den­si­té émane de la mise en scène (alter­nance fluide, pré­cise, de plans larges et ser­rés), tou­jours au ser­vice de ses per­son­nages (men­tions spé­ciales à Zakaria Inan, qui incarne Mica, et à Sabrina Ouazani, qui inter­prète la coach spor­tive). Bref, c’est du bon ciné­ma, clas­sique mais tenu. Ensuite, et c’est l’une de ses grandes qua­li­tés, il donne à voir un autre point de vue sur la ques­tion des migrant·es (Mica rêve de rejoindre Marseille), sin­gu­liè­re­ment des mineur·es. Il l’humanise, tout sim­ple­ment. Enfin, en pariant in fine sur la main ten­due, il délivre un mes­sage poli­tique de bon aloi… Jeu, set et match !

Mica, d’Ismaël Ferroukhi.

Vertueuse Virginie

Judith mène une double vie entre la Suisse et la France, oscil­lant entre deux com­pa­gnons, deux mai­sons et de nom­breux men­songes qui, bien­tôt, vont finir par la pié­ger. Est-​elle folle ? Est-​elle mani­pu­la­trice ? Les ciné­philes savou- reront l’hommage à Hitchcock – et à Sueurs froides (Vertigo en VO) – à tra­vers le blond chi­gnon en forme de spi­rale de Judith, comme à tra­vers ses troubles iden­ti­taires. Les autres appré­cie­ront qu’Antoine Barraud, auteur et réa­li­sa­teur de Madeleine Collins, par­vienne à tis­ser sa toile au-​delà de cette réfé­rence ultime. Car s’il y a du ver­tige, il y a éga­le­ment de la fan­tai­sie dans son drôle de thril­ler. Et pas mal de magné­tisme, aus­si, grâce à une Virginie Efira tout en nuances dans le rôle-​titre, donc irré­sis­ti­ble­ment mystérieuse…

Madeleine Collins, d’Antoine Barraud

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