Au programme de ce mercredi : Mica, d’Ismaël Ferroukhi et Madeleine Collins, d’Antoine Barraud.
Jeu, set et match
Des tôles poussiéreuses d’un bidonville périphérique aux courts de tennis d’un club huppé de Casablanca, le chemin peut sembler long. Voire impensable. Surtout lorsque l’on est un enfant, que l’on vient de perdre son père et que l’on a pour seule perspective d’être « l’homme à tout faire » d’un vieux gardien. Sauf, bien sûr, si l’on est un garçon débrouillard, prêt à tout pour changer son destin… Inutile de louvoyer : le nouveau film du Franco-Marocain Ismaël Ferroukhi se présente bel et bien comme le « feel good movie » du mois. De fait, en dépit de sa sombre situation de départ, il s’appuie sur tous les ressorts du récit d’apprentissage (personnages attachants, épreuves, belles rencontres, etc.) pour mieux nous enchanter. En somme, un conte moderne, dûment parsemé de cruauté (les dis- parités sociales sont violentes au Maroc) et de magie (le ciel et les oiseaux y jouent un rôle clé) ? C’est un peu plus subtil que cela…
D’abord, sa réalisation installe sobrement l’intrigue, le cadre et les enjeux. Une belle densité émane de la mise en scène (alternance fluide, précise, de plans larges et serrés), toujours au service de ses personnages (mentions spéciales à Zakaria Inan, qui incarne Mica, et à Sabrina Ouazani, qui interprète la coach sportive). Bref, c’est du bon cinéma, classique mais tenu. Ensuite, et c’est l’une de ses grandes qualités, il donne à voir un autre point de vue sur la question des migrant·es (Mica rêve de rejoindre Marseille), singulièrement des mineur·es. Il l’humanise, tout simplement. Enfin, en pariant in fine sur la main tendue, il délivre un message politique de bon aloi… Jeu, set et match !
Mica, d’Ismaël Ferroukhi.
Vertueuse Virginie
Judith mène une double vie entre la Suisse et la France, oscillant entre deux compagnons, deux maisons et de nombreux mensonges qui, bientôt, vont finir par la piéger. Est-elle folle ? Est-elle manipulatrice ? Les cinéphiles savou- reront l’hommage à Hitchcock – et à Sueurs froides (Vertigo en VO) – à travers le blond chignon en forme de spirale de Judith, comme à travers ses troubles identitaires. Les autres apprécieront qu’Antoine Barraud, auteur et réalisateur de Madeleine Collins, parvienne à tisser sa toile au-delà de cette référence ultime. Car s’il y a du vertige, il y a également de la fantaisie dans son drôle de thriller. Et pas mal de magnétisme, aussi, grâce à une Virginie Efira tout en nuances dans le rôle-titre, donc irrésistiblement mystérieuse…
Madeleine Collins, d’Antoine Barraud